Soumaïla Cissé : « Dans le nord du Mali, le processus de paix est bloqué »

Leader de l’Union pour la république et la démocratie (URD) et opposant numéro un au président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), Soumaïla Cissé va officiellement devenir le chef de file de l’opposition malienne. Il se félicite de ce changement institutionnel, tout en fustigeant la gestion de la crise du Nord par le gouvernement actuel. Interview.

Soumaïla Cissé : « Il serait de bon ton d’adopter une gestion saine et d’améliorer la gouvernance. © Vincent Fournier/JA

Soumaïla Cissé : « Il serait de bon ton d’adopter une gestion saine et d’améliorer la gouvernance. © Vincent Fournier/JA

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 31 mars 2015 Lecture : 1 minute.

Jeune afrique : La loi portant création d’un chef de l’opposition a été promulguée le 4 mars. La démocratie malienne est-elle sur de bons rails ?

Soumaïla Cissé : C’était une disposition attendue depuis 1995, mais c’est vraiment aujourd’hui qu’elle se concrétise, et c’est une excellente chose pour la démocratie malienne. Il est important que les contre-pouvoirs soient institutionnalisés.

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Les groupes rebelles du Nord, groupés au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad, ont refusé de parapher le préaccord d’Alger. Le processus de paix est-il bloqué ?

Je suis très inquiet. Le Nord est devenu une zone de non-droit, où l’insécurité est quotidienne. Le gouvernement n’a pas été assez prudent. Il aurait dû s’assurer que tout le monde signe ce texte. Pour le moment, il ne veut pas bouger, et la Coordination avance de nouvelles revendications, qui sont inacceptables. Désormais la balle est dans le camp du chef de l’État. À lui de consulter qui il veut, quand il veut, et de faire des propositions.

Le gouvernement a-t-il une part de responsabilité dans ce blocage ?

Bien sûr. Le gouvernement a été nommé en septembre 2013. Alors que les négociations auraient s’ouvrir deux mois plus tard, conformément aux accords de Ouagadougou, il a attendu juillet 2014. Le chef de l’État a multiplié les déclarations tonitruantes pour dire qu’il ne négocierait pas avec des groupes armés. Le gouvernement a traîné des pieds. Aujourd’hui, il paie cette incurie.

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Plusieurs ministres cités dans des affaires de corruption ont été remerciés lors du dernier remaniement…

Nous nous en félicitons, mais il faut aller plus loin. Si ces ministres ont quoi que ce soit à se reprocher, il faut que la justice s’en saisisse. Nous avions beau protester, il a fallu que la communauté internationale, en particulier le Fonds monétaire international, s’en mêle pour que ces problèmes soient abordés. Nous sommes un pays pauvre. Il serait de bon ton d’adopter une gestion saine et d’améliorer la gouvernance.

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