Petit vade-mecum électoral

FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 2 mars 2015 Lecture : 3 minutes.

"Je dis oui…" Ce n’est pas à sa future épouse – cela se saurait – que le célibataire le plus convoité d’Afrique de l’Ouest a ainsi répondu, mais aux militants de son parti qui, le 25 février, l’ont investi dans son fief de Kara pour briguer la magistrature suprême. Le Togo de Faure Gnassingbé, 48 ans, ouvrira donc le 15 avril prochain le grand bal des présidentielles en Afrique francophone : pas moins de treize rendez-vous d’ici à la fin de 2016, dont la moitié cette année. À peine le temps, pour les journalistes, de souffler entre deux campagnes. D’où l’utilité du vade-mecum prévisionnel et forcément aléatoire qui suit – pour autant qu’il soit possible de préempter l’impondérable.

2015

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Togo. Élection à un seul tour, opposition éclatée, huit candidats au compteur. Avantage (net) : Faure Gnassingbé. C’est après, lors de la redistribution des portefeuilles, que les problèmes commenceront.

Burundi. Élection à deux tours, mais imbroglio constitutionnel à trancher pour que le sortant, Pierre Nkurunziza, puisse concourir le 26 juin. S’il y parvient, son principal challenger s’appellera Agathon Rwasa. Avantage : Nkurunziza, mais fortes turbulences en perspective.

Burkina. Élection post-Compaoré à deux tours, avec un premier round le 11 octobre. Pour le second, les pronostiqueurs parient sur un mano a mano entre Roch Kaboré et Zéphirin Diabré, avec Djibrill Bassolé et Ablassé Ouédraogo en faiseurs de roi. Avantage : indécis.

Côte d’Ivoire. Deux tours, encore, en octobre. Mais beaucoup estiment qu’Alassane Ouattara n’aura pas besoin du second pour se faire réélire, ses concurrents eux-mêmes ne semblant pas y croire. Unique enjeu : le taux de participation. Avantage : à votre avis ?

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Guinée. Deux tours prévus, en décembre. Et un affrontement programmé entre Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo sur fond de stratégie de la tension, ce dernier estimant que l’opposition "n’a que la rue comme recours" pour faire avancer ses revendications préélectorales. Avantage (léger) : Condé, s’il sait garder son sang-froid.

Centrafrique. Deux tours, quelque part entre octobre et décembre, si tout va bien. Déjà une dizaine de candidats, parmi lesquels quelques noms connus : Ziguélé, Dologuélé, les fils Kolingba et Patassé. Avantage : les deux premiers, pour l’instant.

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2016

Bénin. Deux tours, en mars. "Ce sera sans moi", a juré le sortant, Thomas Boni Yayi. Mais ses adversaires continuent de le soupçonner du contraire. Une obsession qui empêche tout candidat sérieux d’émerger. Avantage : indéterminable.

Niger. Deux tours, en avril. Mahamadou Issoufou face à Mahamane Ousmane et à Seyni Oumarou, Hama Amadou s’étant en quelque sorte autoexclu du jeu. Avantage : "Zaki" (le surnom d’Issoufou) pour un second (et dernier) mandat.

Djibouti. Un seul tour, en avril. Et un seul suspense : Ismaïl Omar Guelleh y sera-t-il ou non ? Les Djiboutiens, eux, n’en doutent pas. Dans ces conditions, on voit mal comment celui qui vient de conclure un accord de cohabitation avec ses principaux opposants pourrait ne pas être réélu. Avantage : IOG.

Tchad. Deux tours, toujours en avril. Lire notre "Grand angle" du J.A. n° 2825 afin de comprendre pourquoi celui qui délogera Idriss Déby Itno du pouvoir par les urnes n’est sans doute pas encore né (sauf si l’état civil réserve des surprises). Avantage : faut-il préciser ?

Congo. Deux tours, en juillet. Et une incompatibilité constitutionnelle que Denis Sassou Nguesso devra résoudre s’il souhaite (tout porte à le croire) se représenter. La vraie question est donc celle-ci : quelle est la capacité de mobilisation de l’opposition pour l’en empêcher ? Car devant les électeurs, vu l’absence de leaders crédibles – et de moyens – de cette dernière, c’est net avantage Sassou. À condition toutefois qu’il fasse, auparavant, le ménage dans ses rangs.

Gabon. Rendez-vous en septembre. Comme il y a un tour unique et, jusqu’ici, pas de candidat unique de l’opposition, Ali Bongo Ondimba n’a guère de souci à se faire. Sauf si Jean Ping fédère – ce qui paraît bien difficile. Avantage clair : ABO.

RD Congo. Pour finir l’année, en décembre : plongée au coeur du triangle des Bermudes. Une chose est sûre, c’est qu’on ne sait rien. Ni si les élections vont pouvoir se tenir, ni si Kabila renoncera à s’y présenter, ni si Tshisekedi aura la force d’aller jusque-là, ni si Bemba sortira de sa prison de Scheveningen, ni si Kamerhe, Katumbi et les autres surgiront de la case à fétiches pour ramasser les cauris. Ni même si la gâchette du revolver de l’Afrique, comme l’appelait Fanon, saura résister aux pulsions de ceux qui veulent appuyer sur la détente. De Lomé à Kinshasa, un seul fil rouge : l’impératif démocratique.

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