Côte d’Ivoire : visites, mondanités et sport… la vie de Blaise Compaoré à Abidjan

Après Yamoussoukro puis Casablanca, l’ancien président burkinabè s’installe à Abidjan. Quatre mois après sa chute, a-t-il trouvé ses marques ?

Blaise et Chantal Compaoré à Washington, en août 2014. © brendan Smialowski / AFP

Blaise et Chantal Compaoré à Washington, en août 2014. © brendan Smialowski / AFP

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Publié le 3 mars 2015 Lecture : 3 minutes.

Ils étaient las de l’isolement dans lequel ils vivaient à Yamoussoukro. Revenus dans la capitale ivoirienne mi-décembre 2014 après un séjour de trois semaines à Casablanca, au Maroc, Blaise et Chantal Compaoré ont finalement posé leurs valises dans la nuit du 12 au 13 février à Abidjan.

Arrivés discrètement à bord d’un avion spécial affrété par la présidence ivoirienne, l’ex-président burkinabè et son épouse ont préféré une vaste résidence d’État du quartier chic de Cocody Ambassade à leur maison des Deux-Plateaux, où ils séjournent habituellement quand ils se rendent au bord de la lagune Ébrié. À en croire leurs proches, ils comptent s’y installer pour une durée indéterminée, espérant ainsi clore leur périple de réfugiés VIP entamé depuis la chute de "Blaise", le 31 octobre dernier.

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"Blaise m’a dit qu’il souhaitait aller à Abidjan il y a un mois, raconte l’un de ses confidents. Lui et Chantal voulaient retrouver un cadre de vie ouvert et plus dynamique." L’ancienne première dame, de nationalité ivoirienne, l’aurait fortement poussé à faire ce choix. Mondaine et liée aux élites locales, elle vivait, selon nos sources, assez mal son éloignement de la pétulante métropole abidjanaise.

"Il a toujours eu besoin de faire du sport pour garder la forme"

Accueillis à bras ouverts par Alassane Ouattara après leur fuite du Burkina, Blaise Compaoré et ses proches étaient jusque-là logés à l’hôtel Président de Yamoussoukro, un luxueux établissement étatique construit sous Félix Houphouët-Boigny. Ils n’en sortaient quasiment jamais. Durant ce séjour, l’ex-homme fort de Ouagadougou profitait surtout du vaste parc peuplé de biches qui entoure le complexe. "Blaise est un ancien des commandos parachutistes, rappelle un de ses collaborateurs. Il a toujours eu besoin de faire du sport pour garder la forme." Quasiment tous les soirs, vers 18 heures, il partait pour 5 kilomètres de marche au milieu de la verdure, qu’il concluait par des étirements et des pompes.

À Abidjan, Compaoré continue à s’entretenir physiquement en faisant du vélo en salle ou de la gymnastique. Son moral, lui, serait plus fluctuant. Alors que son premier cercle affirme qu’il a gardé tout son sens de l’humour, d’autres sont plus réservés. "Il a des jours avec et des jours sans", glisse l’un de ses visiteurs. Le choc du 31 octobre n’aurait pas été digéré, et le président déchu serait encore atteint psychologiquement. Toujours en contact avec son ancien bras droit, Gilbert Diendéré, il garde un oeil sur la situation politique à Ouagadougou, tout en veillant à ne pas intervenir de manière trop visible pour ne pas semer le désordre dans le pays qu’il a dirigé pendant vingt-sept ans.

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Le seul collaborateur resté à ses côtés est son conseiller spécial, le Mauritanien Moustapha Chafi. Les éléments de la garde présidentielle qui l’avaient accompagné en Côte d’Ivoire sont tous retournés au Burkina, à l’image de son aide de camp, le lieutenant-colonel Coulibaly. Sa garde actuelle est donc essentiellement composée d’éléments du Groupement de sécurité de la présidence ivoirienne (GSPR).

Avec sa fille au téléphone

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Blaise Compaoré n’est pas pour autant totalement délaissé. Entouré de voisins prestigieux, tel l’ancien président Henri Konan Bédié, il reçoit des responsables politiques de premier plan. Outre son "petit frère" Guillaume Soro, il compte plusieurs ministres et le président Alassane Ouattara parmi ses visiteurs assidus. Le chef de l’État ivoirien était d’ailleurs là, le 16 février, lorsque son homologue togolais, Faure Gnassingbé, a rendu visite à Compaoré à Abidjan.

Enfin, "Blaise" peut compter sur sa famille. Lorsqu’il ne passe pas de longues minutes au téléphone avec sa fille Jamila, installée aux États-Unis, il reçoit la visite de son frère cadet, François, dont la belle-mère, Alizéta Ouédraogo, n’habite qu’à quelques kilomètres. Un temps réfugiée à Paris, elle occupe aujourd’hui un appartement aux Deux-Plateaux. Après plus de cent jours d’errance, le clan Compaoré semble enfin avoir trouvé sa terre d’accueil.

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Benjamin Roger et Baudelaire Mieu, à Abidjan

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