Tunisie : Hamadi Jebali, à droite toute !

Déçu des orientations prises par Ennahdha, le dirigeant islamiste tunisien claque la porte du parti. Et prépare la suite… en essayant de doubler Marzouki sur sa droite.

Un virage à 180° pour l’ancien chef du gouvernement, Hamadi Jebali. © Vincent Fournier pour J.A.

Un virage à 180° pour l’ancien chef du gouvernement, Hamadi Jebali. © Vincent Fournier pour J.A.

ProfilAuteur_SamyGhorbal

Publié le 17 décembre 2014 Lecture : 1 minute.

Hamadi Jebali a donc mis fin au (faux) suspense qui durait depuis des mois, en annonçant, le 11 décembre, sa démission d’Ennahdha. Ancien Premier ministre (décembre 2011 mars 2013) et ancien secrétaire général du parti islamiste tunisien, dont il était l’une des figures de proue, il avait caressé l’ambition de présenter sa candidature à l’élection présidentielle, mais avait été éconduit par les instances du mouvement.

Il n’assistait plus aux réunions du Majlis el-Choura, l’instance décisionnaire du parti, et n’hésitait plus à enfreindre ses consignes. En novembre, il avait appelé à barrer la route au leader de Nidaa Tounes, Béji Caïd Essebsi, à la présidentielle, alors qu’Ennahdha avait officiellement opté pour la neutralité.

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Un pari risqué pour l’ancien chef du gouvernement

S’il rompt aujourd’hui les amarres, c’est "pour servir les objectifs de la révolution", prévenir "un retour de la tyrannie" et se consacrer à la défense des libertés, qu’il estime menacées en cas de victoire de Nidaa Tounes. Une phraséologie qui reprend, presque mot pour mot, le discours des partisans du président-candidat Moncef Marzouki. Une convergence en apparence surprenante, dans la mesure où les deux hommes ont entretenu des relations exécrables lorsque Jebali dirigeait le gouvernement.

En réalité, c’est un rapprochement de circonstance. L’ancien dirigeant d’Ennahdha prend acte de la radicalisation de la base du parti et se positionne pour l’après-présidentielle. Il veut empêcher Marzouki de s’imposer en chef de l’opposition et de récupérer les électeurs du mouvement islamiste, en le doublant sur sa droite.

C’est un pari risqué pour l’ancien chef du gouvernement, et un virage à 180° pour celui qui avait réussi, depuis février 2013, à lisser son image. C’est aussi une mauvaise nouvelle pour Ennahdha, car le départ de Jebali met fin au mythe de l’homogénéité et de la discipline du parti.

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