Livres : et il est comment le dernier Deon Meyer ?

Kobra, de Deon Meyer. © DR

Kobra, de Deon Meyer. © DR

ProfilAuteur_NicolasMichel

Publié le 10 novembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Rien ne va plus pour le capitaine Benny Griessel : son engin ne répond plus comme il le souhaiterait. Et non, nous ne parlons pas là de son arme de service… Pas d’inquiétude majeure pour autant, puisqu’un afflux de sang massif donne une vigueur intense et durable au nouveau polar de l’auteur sud-africain Deon Meyer, Kobra. D’ailleurs, du sang il y en a dès les trois premières pages, un peu partout sur les murs et le sol – puisque l’on décompte déjà trois victimes sur le domaine viticole de Petit Margaux.

Régulièrement, avec autant de maîtrise que de méthode, Deon Meyer livre une enquête bien ficelée, s’inspirant des aspects les plus sombres de la nouvelle Afrique du Sud. Kobra ne fait pas exception à la règle : ex-alcoolique déprimé par son problème d’érection, Benny Griessel se retrouve cette fois confronté à l’enlèvement d’un scientifique anglais par un tueur laissant derrière lui des douilles ornementées d’un serpent… Si Griessel est blanc, Deon Meyer n’a pas son pareil pour l’entourer de personnages représentatifs d’un pays métis où la problématique raciale est loin d’être résolue. Dans Kobra, l’auteur de Lemmer, l’invisible brosse ainsi le portrait sensible d’un jeune pickpocket, Tyrone Kleinbooi, prêt à tout pour pouvoir payer des études à sa soeur…

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L’intrigue, qui ne laisse guère de répit, prend vite une dimension internationale. Sans la dévoiler, il est possible de révéler que la corruption des gouvernements – et pas seulement celui de Pretoria – et la mondialisation des crimes financiers sont au coeur de ce roman à suspense à la mécanique bien lubrifiée. En s’attaquant à un système qui broie l’individu en lui donnant l’illusion de la liberté, Meyer se fait plus politique que d’habitude – mais nous laisse, in fine, assez désemparé face aux forces qui nous dominent.

Bien sûr, il est possible d’arrêter les "petites mains" qui pressent la détente, mais comment en finir avec les donneurs d’ordres qui agissent en costume-cravate depuis le havre protégé de leurs bureaux climatisés ? Une fois la dernière page du livre tournée, il apparaît que même les meilleurs flics du monde, qu’ils soient dopés au Viagra ou à la testostérone, restent relativement impuissants face au crime organisé. Pour le lecteur, c’est Post coïtum animal triste.

Kobra, de Deon Meyer, Seuil, 450 pages, 22 euros

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