Football – Algérie : joue-la comme Gourcuff…

Nommé juste après le glorieux Mondial des Fennecs, le successeur du bouillant Vahid Halilhodzic n’avait jusque-là jamais dirigé de sélection nationale. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître.

Christian Gourcuff lors de la rencontre Algérie-Mali (1-0), le 10 septembre à Blida. © Farouk Batiche/AFP

Christian Gourcuff lors de la rencontre Algérie-Mali (1-0), le 10 septembre à Blida. © Farouk Batiche/AFP

Alexis Billebault

Publié le 20 novembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour à 14h02

Après s’être dépêtré, avec l’art et la manière, des pièges nommés Malawi et Éthiopie, le onze algérien a décroché haut la main son billet pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football, qui se jouera à partir du 17 janvier 2015 en Guinée équatoriale. Une performance à mettre à l’actif de son nouvel entraîneur, nommé le 19 juillet, le Breton Christian Gourcuff, dont les rapports avec la presse algérienne comme les choix tactiques – un style de jeu résolument tourné vers l’offensive – tranchent avec ceux de son prédécesseur, le bouillant Vahid Halilhodzic, qui avait emmené les Fennecs en huitièmes de finale du Mondial brésilien.

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Mais le Breton, dont le nom reste attaché au club de Lorient, qu’il a longtemps coaché et sur lequel il a laissé une empreinte indélébile, connaît trop bien les arcanes du football pour se reposer sur ses lauriers. "Je sais bien que seuls les résultats comptent, explique le nouveau boss des Fennecs. Mais je suis ici pour mettre en place un projet de jeu, et je dispose de moins de temps qu’en club. Ce challenge m’a séduit, car je pense que ma conception du football se marie bien avec le profil du joueur algérien."

>> Lire aussi : Christian Gourcuff : "Avec les Fennecs, il est question d’un vrai choc tactique"

Gourcuff, dont l’expérience à l’étranger se limite à deux "piges" en Suisse, puis au Canada en tant que joueur, et à une saison à Al-Gharafa (Qatar, 2002-2003) en tant qu’entraîneur, était devenu, avant la Coupe du monde, la priorité de Mohamed Raouraoua, président de la Fédération algérienne de football (FAF). Lequel, alors que Halilhodzic était encore dans les murs, lui avait fait visiter le centre technique national de Sidi Moussa au printemps dernier, déclenchant une froide colère du technicien bosnien, aujourd’hui à Trabzonspor (Turquie).

"Raouraoua a choisi un coach qui n’a pas du tout le même profil que Halilhodzic. C’est un pari intéressant qui pour l’instant fonctionne bien, puisque Gourcuff a gagné ses quatre premiers matchs. Mais il sera jugé uniquement sur ses résultats sur la durée, car depuis la Coupe du monde le statut de l’Algérie a évolué", commente Mustapha Dahleb, ancien international algérien du Paris-SG.

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L’hypothèse de l’arrivée de Gourcuff en Algérie avait surpris certains observateurs français. "Il aime être sur le terrain tous les jours. Or, avec une sélection, ça ne sera pas le cas. Gourcuff préfère travailler sur le long terme pour mettre ses idées en place, et on sait que le poste de sélectionneur n’est pas très stable, surtout en Afrique. En Algérie, le niveau du championnat n’est pas très relevé, la formation des jeunes est inexistante, alors qu’il est aussi un formateur. Il va subir une pression énorme à laquelle il n’est pas habitué. Passer de Lorient à Alger, c’est un choc culturel", nous avait confié un entraîneur français au printemps. "Il peut apporter quelque chose, poursuit Dahleb. Il prône un jeu technique et offensif, un style qui colle bien au profil du joueur algérien. S’il peut aider à élever le niveau de la formation en Algérie, tant mieux, car nous avons trente ans de retard dans ce domaine à cause d’une absence de volonté fédérale."

Les règles sont plus souples qu’avec Halilhodzic

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Succéder à Halilhodzic, devenu un héros national après le Mondial, expose l’ancien entraîneur de Lorient à une forte pression médiatique et populaire. Gourcuff, qui n’est jamais que le troisième Français à entraîner l’Algérie, après Lucien Leduc (1966-1969) et Jean-Michel Cavalli (2006-2007), a apporté sa touche personnelle dans le management du groupe. "Les règles sont différentes, plus souples qu’avec Halilhodzic. Un coach arrive toujours avec sa façon de travailler. Avec Gourcuff, la principale évolution est tactique. Il veut que l’Algérie soit une équipe qui prenne le jeu à son compte, alors qu’avant elle évoluait plus en contre, explique le défenseur Carl Medjani, qui a rejoint Halilhodzic en Turquie. Nous sommes dans une phase de progression. L’Algérie fait partie des meilleures équipes d’Afrique, et on va exiger de nous des résultats."

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