France : Patrick Balkany, faux Foccart, vrai tocard

Le député français, Patrick Balkany, a été mis en examen dans le cadre d’une affaire d’évasion fiscale liée à son « activisme » africain sous Nicolas Sarkozy. Il faut dire que, sur le continent, il a multiplié les bourdes…

Patrick Balkany, à l’Assemblée nationale le 17 septembre 2014 © Thomas Samson/AFP

Patrick Balkany, à l’Assemblée nationale le 17 septembre 2014 © Thomas Samson/AFP

Clarisse

Publié le 28 octobre 2014 Lecture : 3 minutes.

il rêvait d’endosser le rôle de "Monsieur Afrique" auprès de Nicolas Sarkozy, l’ancien président français. Patrick Balkany, député UMP et maire de Levallois-Perret, en banlieue parisienne, a été mis en examen le 21 octobre pour "blanchiment de fraude fiscale", "corruption" et "blanchiment de corruption". En cause, sa responsabilité présumée dans un système d’évasion fiscale passant par le continent, entre 2007 et 2012.

Ce n’est certainement pas le scénario que cette grande gueule réputée pour ses colères spectaculaires avait imaginé, lui qui, durant tout le quinquennat de Sarkozy, a joué les émissaires plus ou moins officiels et s’est souvent vanté d’avoir usé de son entregent pour aider les entreprises françaises à s’implanter en Afrique.

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>> Lire aussi : Patrick Balkany rattrapé par ses pratiques douteuses en Afrique

De fait, son carnet d’adresses, étoffé au tournant des années 1990 dans le sillage de Charles Pasqua, est loin d’être maigre et, sous Sarkozy, on l’a vu dans nombre de capitales africaines. En juillet 2007, il est aux côtés du président en Libye et au Gabon. En octobre 2007, désormais muni d’un passeport diplomatique, il ose une tournée en solo, du Congo à la Centrafrique en passant par la RD Congo.

Ses ennuis actuels remontent à septembre 2008, lorsqu’il aide l’industriel belge George Forrest, qui souhaite investir dans l’uranium, à acquérir Forsys Metals Corporation, en Namibie, pour 500 millions de dollars (environ 350 millions d’euros à l’époque). Pour son rôle d’apporteur d’affaires, il reçoit, aux dires de Forrest, une commission de 5 millions de dollars. Une somme qui se serait proprement envolée vers un compte à Singapour…

C’est cet argent qui aurait servi à financer le train de vie faramineux des époux Balkany – son épouse, Isabelle, est aussi sa première adjointe à la mairie de Levallois. Leurs sociétés offshore, leurs deux villas somptueuses à Saint-Martin (Antilles françaises) et à Marrakech… Officiellement, c’est le demi-frère de Patrick, Julien Balkany, qui serait propriétaire de ce magnifique riad situé dans le triangle d’or de la Ville Ocre. Sauf que le nom du riad, "Dar Gyucy", est une contraction des prénoms des petits-enfants Balkany… Mais le tandem ne se démonte pas. Lui parle d’affabulation, elle se fait plus cinglante : "Je ne vais pas m’excuser d’être née avec une cuillère en argent dans la bouche."

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Balkany et l’Afrique

Autre fait d’armes de Patrick Balkany sur le continent : la signature mouvementée, en 2009, du contrat d’exploitation de la mine d’uranium de Bakouma, en Centrafrique, entre les autorités locales et la compagnie française Areva. En réalité, s’agacent ses détracteurs, le député des Hauts-de-Seine ne connaît rien à l’Afrique. Fréquenter palais et palaces ne fait pas de vous un spécialiste du continent.

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Ainsi, en juin 2009, quelques jours avant l’élection présidentielle mauritanienne, il se rend à Nouakchott en compagnie du lobbyiste tunisien Lyès Ben Chedli et des représentants de l’aciériste indien ArcelorMittal. Après un déjeuner avec le Premier ministre, direction Nouadhibou pour un tête-à-tête de plus d’une heure avec le général Mohamed Ould Abdelaziz, arrivé au pouvoir un an auparavant par un coup d’État. Une présence qui vaut soutien ostensible au candidat "Aziz", élu quelques jours plus tard.

Mais sa plus grosse bourde africaine sera sans doute celle de Guinée, lorsqu’en septembre 2009 il adoube Moussa Dadis Camara, assurant que sa candidature à l’élection présidentielle ne pose "pas de problème" car il est "un citoyen guinéen comme les autres". Une semaine plus tard a lieu le massacre du stade de Conakry, perpétré par les nervis du chef de la junte. Bilan : 157 civils tués. Décidément, Balkany et l’Afrique, ça fait deux.

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