Législatives tunisiennes : lobby tout-terrain

Des stades aux mosquées en passant par les soirées privées, en Tunisie tous les moyens sont bons pour gagner des voix aux législatives.

Slim Riahi, fondateur de l’Union patriotique libre, a racheté le Club africain en 2012. © D.R.

Slim Riahi, fondateur de l’Union patriotique libre, a racheté le Club africain en 2012. © D.R.

Publié le 20 octobre 2014 Lecture : 2 minutes.

"J’avais voté pour Ennahdha en 2011, mais cette fois-ci ce sera pour le Club africain !" se moque Ahmed, un inconditionnel de l’une des deux équipes de football emblématiques de Tunis. En rachetant ce vénérable club, en 2012, Slim Riahi, également fondateur du parti Union patriotique libre (UPL), en lice pour les législatives et la présidentielle, a acquis un vivier électoral largement composé de jeunes. "Pour ses supporters, Slim Riahi est un symbole de réussite. Ils le suivraient aveuglément", explique un habitant de Bab Jedid, où se situe le siège du club.

Moncef Sellami, tête de liste de Nida Tounes à Sfax, surfe sur la même vague. Ce ne sont pas tant ses performances de chef d’entreprise qui séduisent l’opinion publique que l’ascension du Club sportif sfaxien (CSS) sous ses deux présidences. "Pour les Tunisiens, le football est une affaire de vie ou de mort", assure Hassen, un supporter du Stade tunisien.

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Tarak Dhiab, une légende nationale du football, a ainsi compté davantage sur sa popularité d’ancien sportif que sur son discours politique pour obtenir un mandat à l’Assemblée sous la bannière Ennahdha en 2011. Le monde du ballon rond devient une réelle sphère d’influence. Les clubs sportifs relaient les campagnes électorales et en amplifient l’écho, au point que des débordements partisans sont craints à chaque match.

>> Lire aussi : législatives : que font les patrons tunisiens en tête de listes ?

Rallier des personnalités puissantes

En dehors des stades, ce sont les opérateurs économiques privés qui ouvrent leurs demeures pour des soirées animées par des figures politiques. La formule est rodée : sous prétexte de débats exclusifs et sans concessions, entre un petit-four et une confidence, les leaders politiques tentent de rallier des personnalités puissantes, qui pourraient également devenir des soutiens financiers.

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Cette population de décideurs est également courtisée par les think tanks. Afin de faire converger les positions des partis de la famille démocrate, le cercle Kheireddine soumet ainsi leurs programmes à l’avis d’un panel de patrons influents. Un moyen de les impliquer. Plus difficiles à séduire, les non moins influents imams misent uniquement sur la proximité avec les croyants lors des prêches du vendredi pour faire passer des consignes politiques.

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