Ebola : des mots et des maux

La lutte contre Ebola, c’est aussi un enjeu de communication. Pour les chefs d’État et de gouvernement. Pour les ONG. Et pour les compagnies aériennes.

Les avions de la compagnie Brussels Airlines continuent à desservir les pays touchés par Ebola. © DOMINIQUE FAGET / AFP

Les avions de la compagnie Brussels Airlines continuent à desservir les pays touchés par Ebola. © DOMINIQUE FAGET / AFP

Publié le 12 septembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Pourtant réputé pour sa pondération, le président Macky Sall s’est emporté, fin août, contre l’étudiant guinéen qui a "importé" Ebola au Sénégal, malgré la fermeture de la frontière entre les deux pays : "N’eût été son état de santé, il devrait être jugé pour avoir enfreint nos lois", a-t-il déclaré.

Quelques jours plus tard, Souleymane Jules Diop, l’ancien responsable de la communication de Macky Sall, tempérait : "Nous ne le poursuivrons pas. Mais quel message envoyons-nous aux autres malades en le soignant chez nous ? Le président devait se montrer ferme envers ceux qui pourraient être tentés de l’imiter."

la suite après cette publicité

Trois mois plus tôt, le Guinéen Alpha Condé s’était hâté d’annoncer que l’épidémie était "maîtrisée". "Il faut comprendre ces présidents qui tentent de rassurer la population et les investisseurs. Condé avait raison. En mai, l’épidémie était sous contrôle. J’ai tenu le même discours à l’ambassade de France quand je suis reparti de Conakry", plaide Sylvain Baize, responsable du Centre national de référence des fièvres hémorragiques virales, basé en France.

"À la différence de Médecins sans frontières au discours constamment alarmiste, l’Organisation mondiale de la santé a réagi de façon graduée, en fonction de l’évolution de l’épidémie", ajoute-t-il. Chargé de communication pour Ebola à MSF, Jean-Marc Jacobs se montre plus critique : "Depuis plusieurs mois, nous avons prévenu que nous ne viendrions pas seuls à bout de cette épidémie, mais l’OMS n’a réagi que très tardivement."

Le risque de transmettre Ebola lors des voyages en avion est faible

Un silence qui a alimenté la psychose. Ainsi, même si le risque de transmettre Ebola lors des voyages en avion est "faible" selon l’OMS, Royal Air Maroc (RAM) et Brussels Airlines sont désormais les seules compagnies à desservir Conakry, Freetown et Monrovia, après le retrait en août de British Airways et Emirates.

la suite après cette publicité

De son côté, Air France, qui avait déjà fermé sa liaison vers le Liberia mi-juin pour raisons commerciales, a suspendu ses vols vers la Sierra Leone le 28 août sur recommandation du gouvernement français. "Dès que les autorités nous donneront le feu vert, nous y retournerons, car pour nous les risques étaient couverts", estime le Dr Vincent Feuillie, responsable médecine passagers à Air France.

Les compagnies encore présentes contribuent en effet à désenclaver les pays touchés en y acheminant notamment des personnels de santé. "Chaque semaine, nous transportons une dizaine de tonnes de médicaments et d’aide alimentaire. Nous maintenons nos vols pour des raisons humanitaires et par solidarité africaine", assure Hakim Challot, responsable de la communication à la RAM.

la suite après cette publicité

"L’Afrique est notre spécialité ! Il est de notre responsabilité de ne pas isoler ces pays", renchérit Wencke Lemmes-Pireaux, porte-parole de Brussels Airlines. Et de récupérer des clients ? "Actuellement, c’est le cadet de nos soucis", affirment en choeur les deux compagnies.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires