Inde : de la syrah au pays de Shiva

Alors que la consommation nationale de vin est en pleine croissance, plusieurs producteurs locaux commencent à se faire un nom. Parmi eux, Sula Vineyards, qui s’apprête à exporter… en France.

Festival internation du vin à Bangalore, le 25 juillet. © Manjunath Kiran / AFP

Festival internation du vin à Bangalore, le 25 juillet. © Manjunath Kiran / AFP

Publié le 29 août 2014 Lecture : 2 minutes.

"Quel serait selon vous le vin le plus approprié au poulet tikka masala ? Un cabernet syrah ? Un sauvignon blanc ?" Verre à la main, oeil brillant et verbe enjoué, Anirudh, jeune apprenti sommelier qui a fait ses classes à Bordeaux, en France, a vite appris à captiver son auditoire : des compatriotes indiens curieux de s’initier au vin.

Jeunes couples en voyage de noces, familles venues de Bombay, à trois heures de route, retraités, mais aussi étrangers : les touristes accourent toujours plus nombreux au vignoble de Sula, à Nashik, principale destination oenologique du pays. Le domaine a accueilli 180 000 visiteurs l’an dernier, contre 5 000 à peine en 2005, année des premières dégustations.

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"Les Indiens découvrent le social drink, le côté select et raffiné du vin, souligne Rajeev Samant, le fondateur de Sula Vineyards. Et pas seulement la classe la plus aisée : notre gamme de prix, très large, débute à 200 roupies [environ 2,50 euros] la bouteille." Certes, pour l’heure, le sous-continent n’accorde qu’une place très marginale au vin. Seul 0,01 litre par personne est consommé chaque année, contre une quarantaine de litres en France.

Une bricole dans un pays où le whisky et la vodka sont difficiles à détrôner. Mais le marché progresse rapidement. De l’ordre de 15 % par an ces dernières années.

À lui seul, l’État du Maharashtra (Ouest), dans lequel se trouve Nashik, concentre l’essentiel des vignobles indiens. Dans cette contrée parsemée de collines et de lacs que d’aucuns surnomment parfois, un peu rapidement, l’Indian Napa Valley – en référence à la Californie -, une soixantaine de vignobles ont émergé, encouragés par des journées ensoleillées et une moindre exposition à la mousson.

Ce microclimat a permis la naissance d’une vingtaine de cépages différents. Entre autres, le sauvignon blanc, le merlot, la syrah, le chenin blanc et le viognier. "Le sauvignon blanc est sans doute celui qui correspond le plus au goût naturel des Indiens", souligne Rajeev Samant, ajoutant qu’"il est plus facile ici de faire du blanc que du rouge".

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Faillite d’un grand nombre de producteurs

Parmi les vignobles les plus connus, Sula Vineyards reste la marque la plus populaire, devant York Winery et Château d’Ori. "Nous détenons aujourd’hui 70 % de part de marché en Inde", souligne la responsable du marketing, très fière des derniers partenariats noués par le groupe : "En Inde, les compagnies n’autorisent pas l’alcool à bord des avions. Mais, depuis peu, Air India propose un syrah de Sula Vineyards."

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L’entreprise a su tirer parti du sérieux écrémage qu’a connu le secteur dès 2009, avec notamment la disparition du numéro un de l’époque, Château Indage. Autour de 2006, "l’industrie indienne produisait nettement plus de bouteilles que le marché n’était capable d’en absorber", se rappelle Jagdish Holkar, président de l’autorité de régulation du secteur viticole. Ce qui a contribué à la faillite d’un grand nombre de producteurs.

Aujourd’hui, Sula Vineyards produit environ 650 000 caisses de vin par an… et commence à exporter. Encore peu, seulement 5 % de sa production, "en raison du dynamisme du marché indien". Mais déjà dans une vingtaine de pays : le Japon, le Royaume-Uni, l’Allemagne, les États-Unis… Et la France ? C’est une affaire de quelques semaines, assure-t-on au domaine. 

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