Maroc : Rabat rêve de lumières

Confinée de longue date au statut de ville administrative, la capitale du Maroc se rêve en cité internationale de la culture et du savoir.

Maquette du Grand Théâtre, d’une capacité de 2 000 places. © Wessal

Maquette du Grand Théâtre, d’une capacité de 2 000 places. © Wessal

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 29 août 2014 Lecture : 3 minutes.

Dans la tête d’un Casablancais, Rabat est une ville où il ne se passe rien, vivant au rythme d’un tic-tac monotone qui déteindrait sur le comportement de ses habitants, réputés balourds. Inversement, pour un Rbati, les Casablancais sont stressés, impétueux, au point de manquer de savoir-vivre. Des clichés profondément ancrés dans la mémoire populaire, qui a toujours associé la capitale administrative à l’ordre et à la lenteur, et la capitale économique à la turbulence et au désordre.

Mais tout cela va bientôt changer avec les mutations que connaissent les deux villes. Si Casablanca ambitionne de se refaire une virginité urbanistique en éradiquant les bidonvilles et autres poches de pauvreté, Rabat, elle, veut se construire une image de ville culturelle. Cité impériale classée par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité, la capitale administrative est aussi une ville qui respire : 20 m2 d’espaces verts par habitant, le double de ce que recommande l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

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Elle dispose déjà de nombreux atouts culturels, comme la Grande Bibliothèque nationale, le Théâtre Mohammed-V, la salle d’exposition de Bab Rouah, sans oublier Mawazine, le festival aux 2,6 millions de spectateurs.

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Une transformation réglée comme du papier à musique

Le roi Mohammed VI, qui veut faire de la ville de ses ancêtres alaouites une capitale culturelle internationale, à l’instar de Paris, Rome ou Londres, a vu les choses en grand. À la clé, un plan quinquennal de 9,42 milliards de dirhams (835 millions d’euros), abondé par le fonds Wessal Capital, pour financer le projet "Rabat ville lumière". Référence à Paris ?

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"Non, il faut comprendre la "lumière" dans le sens du savoir, du rayonnement, de la découverte", explique Abderrafie Zouiten, directeur général de l’Office national marocain du tourisme (ONMT). Le Maroc tient à ses spécificités, qu’il désire mettre en avant tout en alliant essor culturel et développement du tourisme. C’est à ce titre d’ailleurs que le directeur de l’ONMT a déjà commencé à faire la promotion de cette (future) destination à l’international.

La consécration culturelle de Rabat est le fruit d’une transformation réglée comme du papier à musique. Placée sous la supervision du roi, la capitale du Maroc a toujours été gérée d’une façon très stricte. Le lobby immobilier n’a pas pu y faire autant de dégâts qu’à Casablanca. Les jardins ont été préservés, et l’exode rural, avec son lot de bidonvilles, a été mieux maîtrisé. Ce qui a permis de mener à bien les chantiers de la mobilité urbaine, comme le tramway ou le grand pont Hassan-II, qui a réconcilié Rabat avec sa jumelle Salé, considérée jusque-là comme une cité-dortoir.

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Un Grand Théâtre de 2 000 places

Le plan quinquennal prévoit la construction d’un Grand Théâtre de 2 000 places, conçu par la célèbre architecte irako-britannique Zaha Hadid, d’un Musée des arts modernes et contemporains, qui ouvrira ses portes en septembre sous l’impulsion de Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées, et d’un Musée de l’archéologie et des sciences de la terre, qui abritera le plus vieux dinosaure jamais découvert.

"Tous ces projets seront accompagnés par une politique de formation et par la signature de conventions avec des musées internationaux", assure Abderrafie Zouiten. Gageons que dans quelques années l’image du Rbati balourd ne sera plus qu’un vieux souvenir. Même pour un Casablancais.

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