Bénin : une fondation vaut mieux que deux tu l’auras

Pour les plus nantis, créer une telle structure est un moyen de soigner son image tout en rendant service au plus grand nombre. Exemple à Cotonou avec le financier Lionel Zinsou et sa fille, Marie-Cécile.

Cette année, la Fondation Zinsou a ouvert un musée à Ouidah. © Charles Placide Tossou/AFP

Cette année, la Fondation Zinsou a ouvert un musée à Ouidah. © Charles Placide Tossou/AFP

ProfilAuteur_NicolasMichel

Publié le 30 août 2014 Lecture : 3 minutes.

En 2015, la Fondation Zinsou fêtera, dans son fief de Cotonou, ses dix années d’existence. Avec, sans doute, un certain sentiment du devoir accompli – même si sa présidente, Marie-Cécile Zinsou, n’est pas trop du genre à regarder dans le rétroviseur. Depuis dix ans, cette fondation, financée à hauteur de 1 million d’euros par an par l’économiste et banquier d’affaires franco-béninois Lionel Zinsou (président de PAI Partners et père de Marie-Cécile), multiplie les interventions dans le domaine culturel.

Après des débuts consacrés essentiellement à des expositions pointues d’art contemporain (Jean-Michel Basquiat, Romuald Hazoumé, Malick Sidibé…), elle s’est diversifiée en proposant des spectacles tournés vers la danse contemporaine, en ouvrant des mini-bibliothèques et, surtout, en adoptant une démarche résolument pédagogique à l’intention de la jeunesse béninoise. Chaque jour, les enfants des écoles de Cotonou, transportés dans le bus multicolore de la fondation, découvrent, accompagnés d’un guide, le travail d’un artiste local ou étranger.

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L’ouverture cette année du Musée de Ouidah, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Cotonou, a marqué une étape importante : après avoir rénové une demeure afro-brésilienne appartenant au patrimoine historique du pays, la fondation présente désormais de manière permanente une collection d’oeuvres contemporaines – essentiellement africaines – qui attirent bien sûr les écoliers du pays, mais aussi des touristes. Outre promouvoir la richesse créative d’un pays trop souvent ignoré des médias, la fondation a permis de créer 65 emplois directs.

Stratégies politiques, médiatiques et fiscales se mêlent

"La Fondation Zinsou est une association de droit béninois, puisqu’il n’existe pas encore de loi sur les fondations au Bénin, précise Marie-Cécile Zinsou. Elle ne s’appuie pas sur une fortune familiale, mais sur les revenus personnels de Lionel Zinsou, qui, selon les années et les projets, fournit entre 80 % et 90 % des financements. Il faut par ailleurs préciser qu’au Bénin les dons ne sont pas défiscalisés…" En revanche, les achats d’oeuvres d’art réalisés en France sont exonérés de l’impôt sur la fortune.

Sur le continent, la Fondation Zinsou est sans doute la plus dynamique, mais d’autres existent qui opèrent aussi dans le domaine de l’art contemporain : la Fondation Sindika-Dokolo en Angola, la Fondation Donwahi en Côte d’Ivoire (lire encadré)… D’une manière générale, même si les définitions juridiques diffèrent selon les pays, créer une telle structure est souvent pour les grandes entreprises comme pour les riches possédants une manière de polir leur image : stratégies politiques, médiatiques et fiscales se mêlent.

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La pure philanthropie n’existe sans doute pas, mais ce serait faire la fine bouche que de reprocher à l’homme d’affaires anglo-soudanais Mo Ibrahim, au groupe marocain Alliances ou au milliardaire nigérian Aliko Dangote de consacrer un peu de leurs deniers à l’art, au social, à la bonne gouvernance ou à la santé sur le continent qui les a vus naître.

Triple A pour Illa Donwahi

C’est dans le quartier chic des Deux-Plateaux, à Abidjan, que se trouve la Fondation Donwahi pour l’art contemporain, créée en 2008 en hommage à Charles Donwahi, président de l’Assemblée nationale ivoirienne de 1994 à sa mort, en 1997. Le lieu de 1 500 m2 (qui comprend des salles d’exposition, un espace de création et de résidence pour les artistes, une bibliothèque et un lounge) est dirigé par sa fille, Illa Donwahi, collectionneuse et femme d’affaires influente qui a oeuvré plus de vingt ans dans l’exportation de café et de cacao.

Fermée pendant la dernière crise électorale, la fondation a rouvert ses portes en 2013. De mai à fin juillet, le lieu a déjà accueilli "Sahara Dreaming", du photographe ivoiro-libanais Moustafa Cheaiteli. Et jusqu’au 30 août, les visiteurs peuvent découvrir "AAA" (pour "Abidjan Arts Actuels"), une exposition qui fait "un état des lieux de la création à Abidjan".

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