Conflit israélo-palestinien : le médiateur égyptien marche sur des oeufs
Le Caire considère le Hamas à la fois comme une organisation terroriste et comme un rempart contre les jihadistes. Une position qui rend la médiation égyptienne difficile dans le conflit israélo-palestinien.
Moins de deux ans après la médiation menée par Mohamed Morsi, le président islamiste déchu, Le Caire se retrouve une fois de plus capitale des négociations entre Israël et le Hamas. Si John Kerry, le secrétaire d’État américain, a annulé son déplacement après le rejet par l’aile militaire du Hamas de l’initiative égyptienne, Tony Blair, l’envoyé spécial du Quartet pour le Moyen-Orient, Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, Mahmoud Abbas, le président palestinien, puis Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, ont tous rejoint les bords du Nil depuis l’annonce de la médiation égyptienne, le 14 juillet.
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Ce sont les puissants services de renseignements égyptiens qui ont oeuvré, en collaboration avec leurs partenaires israéliens, pour permettre d’entamer les négociations diplomatiques. Objectif : un arrêt des hostilités, qualifiées de "bain de sang" par Sameh Choukri, le ministre des Affaires étrangères, particulièrement critique à l’égard des "factions palestiniennes" – c’est-à-dire le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par l’Égypte et son allié saoudien – qui ne partagent pas sa volonté de "protéger la population".
Pendant ce temps, Khaled Mechaal, le chef du parti islamiste en exil à Doha, tente de récupérer des fonds auprès de ses soutiens turcs et qataris, compliquant davantage la situation dans une région marquée par un jeu de forces constant entre Riyad et Doha (allié à Ankara, où une autre médiation a été initiée le 18 juillet).
L’équilibre à trouver est délicat
Néanmoins, la branche politique du Hamas négocie sans trop y croire via Abou Marzouk, son représentant au Caire, qui s’est entretenu le 16 juillet avec Mahmoud Abbas et Nabil al-Arabi, le secrétaire général de la Ligue arabe, en présence du président Abdel Fattah al-Sissi. "L’équilibre à trouver est délicat, souligne un diplomate égyptien. D’un côté, faire des concessions au Hamas nuit forcément à l’Autorité palestinienne. De l’autre, affaiblir le Hamas peut favoriser, dans un futur proche, une radicalisation à nos frontières." Référence à l’État islamique, qui sévit en Irak, mais aussi à la menace de groupes jihadistes dans le Sinaï – autant dire aux portes du Caire.
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