Arts : Jimi Hope et la note bleue

Bluesman et grand admirateur de Jimi Hendrix, le musicien Jimi Hope sculpte et peint aussi. Rencontre avec un ovni de l’art.

Jimi Hope. © Capture d’écran YouTube.

Jimi Hope. © Capture d’écran YouTube.

Publié le 23 juillet 2014 Lecture : 2 minutes.

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"Je suis né avec le blues dans le sang, c’est une musique du Togo", confie Jimi Hope, ce fan de Jimi Hendrix, dont il a gardé les initiales pour créer son nom de scène. Le musicien nous reçoit chez lui, guitare acoustique sur une table basse et tableaux de grandes dimensions rangés dans différents coins de la chambre. Il égrène quelques notes. "I was born blues, I will die blues, chante-t-il. Je ne peux que chanter du blues, la musique par excellence de l’homme noir ; c’est le véhicule parfait pour extérioriser ses peines et ses joies quotidiennes, nombreuses pour moi comme pour mes frères togolais."

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Le blues bien sûr. Ce genre musical et ses messages, mal compris par certains barons de la politique, lui ont valu d’être banni pendant une dizaine d’années de la télévision et de la radio nationales. Un embargo qui passe mal auprès de ce grand admirateur d’Otis Redding, l’un des plus grands chanteurs américains de soul. Mais il relativise et attribue cette attitude à l’ignorance et à l’inculture de ceux qui avaient pris cette décision. "Cette interdiction, à une époque où il n’y avait que ces médias-là, m’a plus que blessé. Mais je ne leur en veux pas", avoue le chanteur.

"Mon peuple ne comprenait pas grand chose à mes toiles"

Grand voyageur, l’artiste vient de boucler une année de tournée en Afrique de l’Ouest à la recherche de nouvelles inspirations. Au dernier Marché des arts et du spectacle (Masa), à Abidjan, en mars, il a chanté avec Alpha Blondy. Depuis début juillet, il est reparti sur les chemins des festivals d’été pour de nombreux concerts en Europe.

Mais ce musicien a d’autres cordes à son arc : la sculpture et la peinture. Une de ses oeuvres, une grande fresque, orne désormais un mur du carrefour de la Colombe de la paix, dans le quartier de Tokoin, à Lomé. Ces dons-là, souligne l’artiste, ne sont connus que d’une infime partie du public. "Mon peuple ne comprendrait pas grand-chose à mes toiles et à mes sculptures", dit-il. Une raison supplémentaire pour produire des oeuvres intimistes et des fresques, appréciées des connaisseurs, dans des lieux privés. Mais Hope fait une entorse à la règle en préparant une exposition dans la capitale togolaise. En octobre, donc à l’occasion de la célébration de ses quarante années de carrière musicale.

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Ce quinquagénaire n’a pas perdu une once de ses idées rebelles, qui ont fait de lui un paria dans sa jeunesse, s’attaquant, par exemple, à la prolifération des Églises en Afrique. "On vend le Christ plus que la bière dans mon pays ! Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Mais l’espoir est permis. Hope est mon nom, et j’ai foi en l’avenir de mon pays, en sa jeunesse qui regorge de talents dans tous les secteurs, surtout dans la musique. Les temps semblent incertains mais j’y crois car les jeunes Togolais ont le feu sacré", confie-t-il.

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L’artiste a entrepris un travail de conservation et d’archivage de ses oeuvres. Les clips vidéo des chansons figurant sur ses quinze disques sont en cours de remasterisation. "Je veux laisser des traces après ma mort. Les générations futures doivent savoir qu’un nommé Jimi Hope a existé et qu’il a fait ci et ça." Dont acte.

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