Hit Radio, la petite marocaine qui s’exporte

Forte de son succès auprès de la jeunesse du royaume chérifien, la station Hit Radio met le cap sur l’Afrique subsaharienne. Où elle est déjà présente dans sept pays.

Depuis fin 2012 et malgré le conflit, les auditeurs centrafricains peuvent suivre ses programmes. © Hit radio

Depuis fin 2012 et malgré le conflit, les auditeurs centrafricains peuvent suivre ses programmes. © Hit radio

Publié le 24 avril 2014 Lecture : 3 minutes.

À l’âge de 43 ans, Younès Boumehdi a entamé un tournant dans sa vie de jeune patron de presse. En quelques mois, Hit Radio a décroché des licences dans sept pays d’Afrique subsaharienne (Centrafrique, Gabon, Congo-Brazzaville, Sénégal, Burundi et récemment encore Burkina et Togo). C’est à Lomé que la station a installé sa plateforme africaine pour développer ses antennes sur le continent. La première, à Bangui, continue d’émettre en pleine guerre civile. "Quand nous avons obtenu la licence centrafricaine fin 2012, nous connaissions les risques mais sans jamais imaginer la tournure que prendraient les événements", se souvient-il.

Les violences qui émaillent le pays ont retardé le déploiement de nouvelles antennes dans le pays, mais n’ont pas entamé le désir de rester sur place. "Les officiels ont apprécié notre souhait de poursuivre. En mars 2013, c’est le Premier ministre lui-même qui nous a remis l’autorisation d’émettre." Sur les réseaux sociaux et par e-mails, les auditeurs centrafricains sont enthousiastes, malgré le contexte sécuritaire délétère. "Nous sommes la station la moins anxiogène du paysage radiophonique", affirme non sans euphémisme le Marocain.

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Un vent de jeunesse sur tout le continent

En lançant Hit Radio, en 2006, Younès Boumehdi concrétisait un "rêve d’ado" : une station musicale, à destination d’un public jeune. Pour lui, "la qualité et le bon son ne viennent pas seulement du Nord, il y a des talents à découvrir dans chaque pays". Privilégiant les tubes marocains, arabes et occidentaux, mêlant les influences pop, R’nB, orientales et rap en darija, la station se positionne comme l’une des réussites de la libéralisation du paysage radiophonique du royaume chérifien, entamée en 2003. Avec sa matinale animée par la star locale Momo et une émission de libre antenne traitant des sujets les plus sensibles (moeurs, sexualité…), la PME rbatie située dans le quartier résidentiel de l’Agdal, à un jet de pierre de l’ambassade de France, grandit sans véritablement changer. La petite radio qui secoue les lignes de la FM marocaine espère bien faire souffler un vent de jeunesse sur tout le continent. "Nous avons déposé des demandes de licence dans tous les pays francophones, et même au-delà. Il n’y a que les pays d’Afrique de l’Est et en Afrique australe (excepté l’Angola) que nous ne l’avons pas fait. Au Burundi, nous avons reçu une réponse en quinze jours."

Pour réussir à s’implanter à moindre coût, Boumehdi a parié sur des partenariats avec des opérateurs de télécoms dans chaque pays.

Y a-t-il eu un effet M6 après ses tournées africaines de ces deux dernières années ? Au Mali, où le roi était en visite d’État en mars, Hit Radio a été présenté, avec l’insistance de la diplomatie chérifienne, comme un modèle de coopération Sud-Sud. En réalité, la demande de fréquence dans ce pays n’a pas beaucoup avancé, victime contrairement à la Centrafrique du contexte d’instabilité politique. Pour réussir à s’implanter à moindre coût, Boumehdi a parié sur des partenariats avec des opérateurs de télécoms dans chaque pays. En contrepartie de l’hébergement des moyens de diffusion, ceux-ci bénéficient d’annonces commerciales gratuites, à l’antenne. Cet échange permet de limiter les charges fixes, puisque le coût de la licence varie d’un pays à l’autre, jusqu’à environ 40 000 euros par an.

Tout est bon pour réduire les frais : via un partenariat, la compagnie nationale Royal Air Maroc prend en charge les billets d’avion pour les techniciens amenés à intervenir à Lomé ou sur l’une des fréquences. Pour l’équilibre financier, Boumehdi reste prudent : "Nous espérons atteindre l’équilibre en moyenne quatre ans après le lancement de chaque station. C’est un objectif réaliste, qui permet aussi de développer l’effort commercial auprès des annonceurs. Des entreprises marocaines sont déjà intéressées, puisqu’elles sont présentes dans nos bassins d’audience."

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