Côte d’Ivoire : Dobet Gnahoré, chanteuse polyglotte et cosmopolite

Bété, malinké, dida, lingala, créole, français, anglais… Le répertoire de la chanteuse ivoirienne Dobet Gnahoré semble n’avoir pas de limites. Et gagne en épaisseur dans un nouvel album porté par une voix riche en émotions.

Un pied en Europe, l’autre en Afrique, Dobet Gnahoré tournera aux États-Unis en 2015. © DR

Un pied en Europe, l’autre en Afrique, Dobet Gnahoré tournera aux États-Unis en 2015. © DR

Publié le 18 avril 2014 Lecture : 3 minutes.

En marge des divas actuelles, de la Malienne Oumou Sangaré à la Béninoise Angélique Kidjo, l’Ivoirienne Dobet Gnahoré est en train de tisser une oeuvre singulière. Vive et sans complexe, elle poursuit un parcours riche en émotions, en rencontres et en créations. Installée aujourd’hui en Belgique, celle qui a commencé sa carrière comme danseuse et percussionniste au sein de la troupe Ki Yi Mbock, une compagnie artistique panafricaine basée à Abidjan, sort Na Drê.

Un quatrième album dans lequel elle chante en bété, en malinké, en dida, en lingala, en créole haïtien, en français et en anglais ! "J’aime promouvoir la richesse de nos langues maternelles – qui, pour certaines, ont tendance à disparaître – pour faire passer un message d’unité entre les peuples sur notre continent", déclare-t-elle en disciple avisée de Miriam Makeba, figure tutélaire et polyglotte qui l’a beaucoup inspirée.

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Quelle que soit la langue choisie, sa voix a gagné en épaisseur et se confronte ici à des sonorités plus cosmopolites, en accord avec son nouveau look. Son style vestimentaire tranche en effet avec celui affiché sur ses albums précédents, notamment l’acoustique Ano Neko, qui lui a valu un large succès d’estime en 2004. "Je crée moi-même mon style en dessinant des modèles de costumes et je les fais coudre par des couturiers qui réalisent mes idées", avance-t-elle, alors qu’elle arbore sur la pochette de Na Drê une coiffure, un maquillage et des boucles d’oreille à faire pâlir d’envie une danseuse du groupe Africa ’70 de Fela Kuti.

"Na Drê" est une comptine amoureuse touchée par la grâce, qui l’installe au panthéon des chanteuses africaines contemporaines.

Donnant son nom à l’album, "Na Drê" est une comptine amoureuse touchée par la grâce, qui l’installe au panthéon des chanteuses africaines contemporaines. Elle explique ainsi son évolution : "Avec ce disque, j’ai fait le choix d’un album moins rythmé, moins puissant au niveau musical et vocal. J’ai voulu plus de mélodie, de douceur, et des chansons simples que n’importe qui puisse retenir. Le style de musique que je fais est susceptible de toucher tout le monde, il n’est pas associé à une mode particulière, c’est vraiment la musique que je ressens et c’est peut-être pour ça que je suis toujours là !"

"La femme peut changer le monde"

Comme elle l’a toujours fait, Dobet Gnahoré célèbre une nouvelle fois les femmes : "Je parle des femmes battues, des amoureuses, de celles qui accouchent dans des conditions difficiles, des mariages arrangés… J’ai conscience de tout ce qu’elles endurent et de la force qu’elles ont pour surmonter certaines difficultés, en Afrique plus qu’ailleurs. Je pense que les choses changent petit à petit, mais il y a encore beaucoup à faire ! Pour cette raison, la femme doit être chantée tous les jours, car elle est merveilleuse et courageuse, elle possède une force mentale incroyable et elle peut changer le monde."

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Na Drê évoque aussi le développement inexorable du continent. "Les Africains doivent se réveiller pour vraiment changer les choses. Dans "Baara", je chante : "Travaillons ensemble pour notre Afrique." Il nous reste vraiment à cultiver l’union et l’amour et à arrêter de dire des mots, rien que des mots. Il faut agir maintenant, chaque geste a son importance. Les mentalités aussi doivent évoluer", ajoute-t-elle, confiante.

Si elle joue essentiellement en Europe, Dobet Gnahoré entamera une grande tournée américaine en 2015. "Ma collaboration avec India Arie m’a ouvert des portes aux États-Unis, surtout après la victoire de la chanson "Pearls" aux Grammy Awards qui m’a donné plus de visibilité. J’ai aussi chanté "Palea" en duo avec India Arie devant la famille Obama à Washington !" En dépit de ce succès américain, l’Ivoirienne préfère retourner jouer en Afrique, où elle se sent revivre à chaque performance. Ce retour sur le continent pare sa musique de couleurs inédites.

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