Maroc : délinquance à Casablanca, peur sur la ville ?

La multiplication des actes de délinquance dans la capitale économique marocaine nourrit un fort sentiment d’insécurité au sein de la population. Qui ne cache plus son ras-le-bol.

Casablanca, une ville où les disparités sociales sont criantes. © AFP

Casablanca, une ville où les disparités sociales sont criantes. © AFP

Publié le 24 avril 2014 Lecture : 3 minutes.

Si la saleté envahissante, les klaxons intempestifs, le niveau de pollution atmosphérique inquiétant sont autant de motifs de désamour pour les habitants de la capitale économique du Maroc, ce sont les vols avec violences et les agressions à l’arme blanche qui restent en tête de la liste des griefs. Deux faits divers récents ont particulièrement marqué les esprits : une attaque contre un salon de coiffure huppé dans un beau quartier et la descente de dizaines de jeunes hooligans armés de sabres contre les joueurs du Wydad de Casablanca (l’un des deux grands clubs de football de la ville), qu’ils ont dépouillés de tous leurs biens après les avoir pris en otages et abreuvés d’insultes pour leurs résultats sportifs jugés insuffisants.

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"Casablanca, où se côtoient riches et pauvres, est la ville des disparités sociales les plus criantes. C’est la ville des gratte-ciel et des bidonvilles. C’est le centre de la finance et des affaires, mais aussi de la misère, du chômage et d’autres maux." Ce constat sans appel n’est pas celui d’un opposant ou d’une plume nihiliste. Ce sont les mots de Mohammed VI, en octobre 2013, lors de l’ouverture de la session d’automne du Parlement. Consacrant une large partie de son adresse aux élus aux problèmes de Casablanca, le roi avait alors su se montrer solidaire, faisant état de sa préoccupation face à la situation vécue au quotidien par les Bidaouis.

La presse en ligne n’a pas manqué de se ruer sur ces sujets très rentables en clics.

Paranoïa sécuritaire galopante

La presse en ligne n’a pas manqué de se ruer sur ces sujets très rentables en clics. C’est alors que le grand public a découvert un phénomène jusque-là connu des seuls initiés : le tcharmil, en référence à la charmoula, une marinade qui accompagne les viandes et nécessite l’usage de grands couteaux de boucher, tels ceux exhibés par de jeunes délinquants, qui, par bravade, postent sur Facebook les photos de leurs exploits, armes et butins. Fanfaronnade ou trouble à l’ordre public ? Pour la police judiciaire, c’est surtout une belle occasion de mettre en avant son travail.

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En visite à Casablanca pour présider la cérémonie de signature des conventions de financement du nouveau quartier du port – marina, résidences de luxe, centres commerciaux, cité des sciences – pour un montant global de 6 milliards de dirhams d’investissement (532 millions d’euros) et lancer la nouvelle stratégie industrielle du gouvernement, Mohammed VI ne pouvait ignorer le ras-le-bol des habitants, en proie à une paranoïa sécuritaire galopante. Comme à chaque visite royale, Casablanca bruisse de rumeurs de limogeage de responsables de la sécurité.

Le 7 avril, le ministère de l’Intérieur a donné des instructions à tous les services pour réagir et rassurer la population, à Casablanca et dans les autres régions. Rapidité et fermeté sont les maîtres mots d’une véritable opération de communication au cours de laquelle journalistes et photographes sont invités, quasi quotidiennement, à constater les arrestations qui se succèdent. Dans une version un peu cheap du perp walk (marche de celui qui a perpétré le crime), des jeunes sont filmés de dos, derrière des tables parsemées de butins présumés de vol : quelques montres, des survêtements, des sabres et autres armes blanches. Pour les programmes de réinsertion et la présomption d’innocence, il faudra repasser…

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