L’ivoire dans l’art

Objets rituels, mobilier, olifants… L’ivoire inspire les artistes africains et fascine les Occidentaux.

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Publié le 30 juillet 2013 Lecture : 2 minutes.

Costa do Marfim, c’est le nom que les navigateurs portugais donnaient, sur leurs portulans (cartes marines) à ce territoire au large duquel ils croisaient en se rendant en Inde, à la fin du XVIIe siècle. En français, l’expression a donné Côte d’Ivoire… Certains, plus littéraires, emploient le terme « Éburnie » pour désigner le pays de l’écrivain Ahmadou Kourouma. Mais cela ne fait presque aucune différence ! En égyptien ancien, les mêmes hiéroglyphes représentaient l’« éléphant » et l’« ivoire », tous deux prononcés « abou ».

Selon les auteurs de L’Étonnante Histoire des noms des mammifères, ce terme s’est altéré en ebur, en latin, devenu plus tard l’adjectif français éburnéen (qui a la blancheur ou l’aspect de l’ivoire). La présence massive d’éléphants en Afrique de l’Ouest explique bien entendu le nom actuel de la Côte d’Ivoire, et son emblème, qui montre l’animal sous un soleil naissant, entre deux palmiers. Le mot, lui, vient du grec elephas, elephantos, repris en latin populaire sous la forme elephantus, qui qualifiait aussi bien le pachyderme que la matière de ses défenses. En ancien français étaient employés les termes « elefant » et « olifant ». « Vers le XIe siècle, ce dernier a aussi désigné un cor taillé dans une défense, dont la première attestation figure dans La Chanson de Roland », écrit Henriette Walter.

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Fascination pour l’animal et ses défenses

Sur le continent, le pachyderme est souvent symbole de sagesse, de puissance et de royauté. « Sa mémoire phénoménale est réputée, précise le colonel Arafan Haïdara, directeur du reboisement et du cadastre forestier au sein du ministère ivoirien des Eaux et Forêts. Les éléphants… Ah ! Ils n’oublient pas ! » Plutôt aimé, l’éléphant pose tout de même problème lorsque son habitat naturel est détruit : il peut alors envahir les cultures et les zones où vivent les hommes pour se nourrir.

Si l’ivoire est parfois utilisé pour la conception de masques, de mobilier ou d’objets rituels (chez les Bamilékés au Cameroun, les Gurunsis au Burkina Faso…), ce sont les Occidentaux qui, les premiers, ont été fascinés par la matière. Comme l’a montré l’exposition Ivoires d’Afrique (au musée du Quai Branly, à Paris, en 2008), de nombreux olifants furent ainsi fabriqués par des artistes africains, dès la fin du XVe siècle, pour être exportés vers l’Europe. On parle d’ailleurs d’ivoires sapi-portugais ou edo-portugais, selon qu’ils furent sculptés par des artistes sapis (Sierra Leone) ou binis (Bénin), inspirés par l’esthétique portugaise. L’âge d’or du royaume du Bénin a ainsi donné naissance à quelques merveilles en ivoire, dont les masques représentant Idia, première reine mère (ou iyoba), estimés aujourd’hui à 5 millions d’euros. Un prix plus qu’éléphantesque !

– L’Étonnante histoire des noms de  mammifères, d’Henriette Walter et  Pierre Avenas. Éd. Robert Laffont

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