Antoine Gabriel Kyungu : « En RDC, trop de pouvoirs sont concentrés à Kinshasa »

Porte-étendard du fédéralisme, le président de l’assemblée provinciale du Katanga, Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza, a lancé une pétition, qu’il soumettra au Parlement congolais en 2016.

Antoine Gabriel Kyungu, dans son bureau à Lubumbashi. © Trésor Kibangula/J.A

Antoine Gabriel Kyungu, dans son bureau à Lubumbashi. © Trésor Kibangula/J.A

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Publié le 16 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

Le Katanga, au-delà des mines
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Le Katanga, au-delà des mines

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Au perchoir de l’assemblée provinciale du Katanga depuis 2006, Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza, 74 ans, préside l’Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec), un parti qu’il a créé en 2001 et qui compte aujourd’hui 15 députés provinciaux et 8 au Parlement congolais. Celui que ses militants appellent la sentinelle du Katanga est désormais considéré dans tout le pays comme le porte-étendard du fédéralisme. Une démarche dans laquelle ses détracteurs voient une résurgence des velléités sécessionnistes.

Jeune Afrique : Pourquoi réclamez-vous un système fédéral pour le pays ?

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Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza : Nous sommes convaincus que seul le fédéralisme peut nous permettre d’administrer convenablement la RDC, qui est un sous-continent à elle seule, et d’assurer la redistribution des richesses nationales d’une manière équitable.

En plus de cinquante ans d’indépendance, nous avons expérimenté l’unitarisme en appliquant parfois la centralisation à outrance, et n’avons connu que des échecs. Nous ne pouvons plus continuer à prétendre que concentrer trop de pouvoirs à Kinshasa permettrait le développement du pays. Un adage dit : « qui trop embrasse mal étreint »…

Existe-t-il selon vous une corrélation entre les actions du mouvement sécessionniste Kata Katanga et l’insatisfaction des populations qui ne profitent pas suffisamment des ressources de leur province ?

Je vous renvoie à la concertation du Grand Karavia Hôtel du 29 mars, au cours de laquelle les Katangais se sont exprimés à travers les notables locaux et les représentants de la société civile : les gens se sentent rejetés et oubliés. Cela provoque des frustrations. Mais je condamne la méthode utilisée par ces milices pour faire entendre leur voix.

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Certains pensent qu’entre fédéralisme et sécession il n’y a qu’un pas, et n’hésitent pas à vous désigner comme le principal soutien des Kata Katanga…

Les miliciens se disent indépendantistes. Nous, nous ne sommes pas pour l’indépendance : nous sommes pour un système fédéral dans un Congo qui reste uni. Je ne soutiens donc pas les Kata Katanga, dès lors que leur action se traduit par une effusion de sang, des massacres, des viols, des vols, etc. C’est une chose de comprendre leur combat, c’en est une autre de le soutenir. Nous fustigeons la méthode, mais nous considérons que c’est leur droit de dire : « Nous voulons l’indépendance de notre province. » Reste que cette revendication doit s’exprimer d’une manière pacifique, sans recourir aux armes.

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Et quels sont vos rapports avec le gouverneur Moïse Katumbi ?

Nous ne pouvons pas voir les choses toujours de la même manière, mais le courant passe. Lorsque nous constatons qu’une situation risque de compliquer les relations entre les deux institutions [gouvernement provincial et assemblée provinciale, NDLR], nous nous concertons pour éviter les crocs-en-jambe.

Joseph Kabila arrive à la fin de son dernier mandat en 2016. Comptez-vous vous présenter à la prochaine présidentielle ?

Il ne faut pas brûler les étapes. Je réserve ma réponse pour le moment opportun. Aujourd’hui, je ne vois rien qui puisse me détourner de Joseph Kabila, que je soutiens à 100 %.

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Propos recueillis par Trésor Kibangula

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