Katanga : un territoire, trois options

Entre partisans de la décentralisation, fédéralistes et sécessionnistes, le choix est difficile. Tous veulent que la province profite davantage des recettes qu’elle génère.

Place Moïse Tshombe, à Lubumbashi. © Trésor Kibangula/J.A

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Publié le 13 mai 2013 Lecture : 3 minutes.

Le Katanga, au-delà des mines
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Le Katanga, au-delà des mines

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Faut-il accepter le redécoupage territorial tel qu’il est prévu par la Constitution, adopter un système fédéraliste, ou faire sécession et quitter le navire Congo armes à la main ? Depuis plusieurs mois, des milices locales en font peser la menace. Les politiques, eux, jouent les innocents et dénoncent unanimement la violence. « Il serait hasardeux aujourd’hui de soutenir des mouvements indépendantistes ou de s’afficher comme tel, explique un élu lushois. Ici, tout le monde feint d’écarter l’option d’un Katanga indépendant, mais l’idée en effleure plus d’un… »

Pour l’instant, place à la guéguerre entre unitaristes et fédéralistes autour du mode de gestion du pays et, donc, de la province. Les premiers plaident pour une décentralisation doublée d’un découpage du territoire national en 26 provinces au lieu de 11, qui permettrait d’« accélérer le processus de développement ». Ce découpage consacré par la Constitution de 2006, s’il est appliqué, scinderait le Katanga en quatre provinces – dans le Nord, deux « pauvres », le Tanganyika et le Haut-Lomami, dans le Sud, deux plus riches, le Lualaba et le Haut-Katanga (lequel regrouperait les districts actuels du Haut-Katanga et de Kolwezi) -, ce qui ne manquera pas de générer des problèmes.

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Moïse Katumbi, le gouverneur, plaide déjà pour le report du processus – « Je suis contre, car nous n’y sommes tout simplement pas prêts et que cela suppose des moyens que nous n’avons pas. Mais cette disposition existe… », a-t-il expliqué à J.A. Quant au président de l’assemblée provinciale, Gabriel Kyungu, il préconise son « abandon ». L’un de ses lieutenants de l’Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec), Dieudonné Bamoïna, met en garde : « Le découpage du Kivu en trois provinces [Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema, NDLR], en 1988, n’a pas apporté le progrès espéré, mais un cycle de violences qui dure depuis près de vingt ans. » Le ministre congolais de l’Intérieur, Richard Muyej, tente, lui, de calmer les esprits : « Le découpage se fera de manière progressive et responsable. On ne viendra pas avec des fouets pour obliger les gens à découper » leur province.

Frustrations

Les « notables katangais » veulent plus de garanties. Le 29 mars, à la suite de l’incursion de miliciens séparatistes de Kata Katanga dans Lubumbashi, ils se sont réunis avec des représentants de la société civile et des politiques venus de Kinshasa pour évaluer la situation sociale, politique et sécuritaire. Ils ont ensuite publié une déclaration rappelant que « la mise en oeuvre d’une décentralisation bien comprise doit sauvegarder l’identité katangaise par-delà le tracé des subdivisions administratives, appliquer la rétrocession du budget d’investissement aux provinces et stimuler le développement socio- économique [des] entités territoriales […]. Le gouvernement central [doit] assurer une juste rétribution au Katanga en tenant compte de son apport important au budget national. » Car le Katanga fournit plus de 50 % du PIB du pays. Or si, sur le papier, les provinces sont autorisées à retenir 40 % de leurs recettes à la source, en pratique, c’est le gouvernement qui continue de leur rétrocéder. Comme il peut. Cette situation crée de plus en plus de frustrations.

Pourquoi ne pas remettre tout à plat et expérimenter un autre système ? L’Unafec propose le fédéralisme. En juillet 2012, le parti a lancé une pétition en faveur d’une révision de la Constitution instaurant le fédéralisme en RD Congo. « Déjà plus de 280 000 signatures ont été récoltées », assure Kyungu. Il n’en faut que 100 000 pour qu’une pétition puisse être adressée au Parlement congolais, mais l’Unafec veut attendre la fin du second quinquennat de Joseph Kabila, en 2016, pour soumettre ses revendications.

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