Côte d’Ivoire : sans Gbagbo, le FPI cherche sa voie

Deux ans après la crise postélectorale, le Front populaire ivoirien est revenu à la table des négociations. Sans grands résultats pour le moment.

D. Djedje, le PM Kablan Ducan, S. Miaka Ouretto et M. Affi N’Guessan. © Sia Kambou/AFP

D. Djedje, le PM Kablan Ducan, S. Miaka Ouretto et M. Affi N’Guessan. © Sia Kambou/AFP

Publié le 15 février 2013 Lecture : 2 minutes.

Côte d’Ivoire : peut-elle redevenir un modèle ?
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Ils étaient nombreux les journalistes qui, le 18 janvier, patientaient dans la cour de la primature. Et pour cause : après un an et demi de relations houleuses, le Front populaire ivoirien (FPI) et le pouvoir, représenté par le Premier ministre, Daniel Kablan Duncan, entamaient leur « dialogue direct ». L’initiative vient-elle de Laurent Gbagbo ? « Non », selon Sylvain Miaka Ouretto, président par intérim du parti fondé par l’ex-chef d’État ivoirien, incarcéré à La Haye (Pays-Bas) depuis novembre 2011. « Il refuse de s’immiscer dans la marche du parti ou de donner des directives », assure-t-il. Réclamé par le FPI et longtemps différé par les autorités, ce dialogue se présente sous les meilleurs auspices. Même l’arrestation au Ghana, le 17 janvier, puis le transfert en Côte d’Ivoire de Charles Blé Goudé, fervent partisan du président déchu, n’a pas entamé « la bonne volonté du FPI ».

Décapité

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« Alors qu’on parle d’apaisement, cette arrestation nous semble étrange, reconnaît Sylvain Miaka Ouretto. Mais nous ne nous laisserons pas détourner de notre volonté d’aller à la paix et à la réconciliation. » Décision guidée par l’instinct de survie ? Certainement. Car depuis la fin de la crise postélectorale, le FPI, décapité, a du mal à se restructurer. Inculpée – entre autres – de génocide, l’ex-première dame, Simone Ehivet Gbagbo, est détenue à Odienné (Nord-Ouest) depuis avril 2011. Michel Gbagbo, le fils de l’ancien chef de l’État, Pascal Affi N’Guessan, l’ex-président du FPI, et Aboudramane Sangaré, son vice-président, sont sous le coup d’un mandat d’arrêt pour crimes économiques ou atteinte à la sûreté de l’État.

Ils sont incarcérés à Bouna (Nord-Est) pour les deux premiers et à Katiola (Centre) pour le dernier. Quant au secrétaire général du parti, Laurent Akoun, il purge une peine de six mois de prison à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) pour troubles à l’ordre public, tandis que son adjoint, Alphonse Douati, attend son procès pour atteinte à la sûreté de l’État dans la même prison. « Nos camarades sont détenus dans des conditions intolérables, leurs avoirs leur ont été confisqués, et leurs familles se trouvent dans les pires difficultés. On ne pourra pas aller à la réconciliation tant que les questions liées à la justice et à l’État de droit ne seront pas réglées », argumente Sylvain Miaka Ouretto.

Apaisement

Alassane Ouattara sera-t-il réceptif à ces préalables ? Du côté du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), allié du Rassemblement des républicains (RDR) au sein de la coalition présidentielle, on s’interdit de commenter les exigences du FPI et la réaction du chef de l’État, mais on reconnaît que la mort du FPI ne profiterait à personne. Peu ou prou, un Ivoirien sur deux a voté pour Gbagbo en 2010, et la disparition de ce parti ne serait pas de nature à apaiser le climat politique.

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Premier signe d’accalmie, Daniel Kablan Duncan a promis une aide financière à l’opposition afin qu’elle s’organise pour les prochaines élections municipales et régionales (initialement prévues le 24 février, elles ont été reportées). Après avoir boycotté les législatives de décembre 2011 pour protester contre le « harcèlement du régime d’Alassane Ouattara », le FPI a bien l’intention de mettre à profit ces prochains scrutins pour démontrer qu’il est toujours l’un des principaux partis politiques du pays.

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