Les cinq surnoms de la nouvelle présidente sud-coréenne Park Geun-hye

« Princesse », « dame de fer » ou « dame de glace », « fille à papa », « fille de dictateur »… Les sobriquets dont ses compatriotes affublent la nouvelle présidente sud-coréenne résument l’histoire de sa vie.

Dans une rue de Séoul, en décembre. © Lee Jin-Man/AP/SIPA

Dans une rue de Séoul, en décembre. © Lee Jin-Man/AP/SIPA

Publié le 10 janvier 2013 Lecture : 3 minutes.

Le 19 décembre, la Corée du Sud a, pour la première fois de son histoire, élu une femme à la présidence. Mais quand, le 25 février, Park Geun-hye (60 ans) prendra ses fonctions à la Maison Bleue, résidence du chef de l’État, il ne sera pas utile de lui faire visiter les lieux : elle les connaît mieux que personne, puisqu’elle est la fille de Park Chung-hee, le brutal dictateur qui, de 1963 à 1979, dirigea le pays d’une main de fer.

Quand la petite Park pénètre pour la première fois dans la prestigieuse demeure au toit de tuiles bleues, elle vient d’avoir 11 ans. Surnommée « la princesse Geun-hye » en raison de ses manières arrogantes héritées d’une enfance plus que privilégiée entourée de domestiques, la nouvelle présidente n’a pourtant pas toujours eu la vie facile. En 1974, toute jeune diplômée en électronique, elle vient à peine de commencer ses études à l’université de Grenoble, dans le sud-est de la France, quand sa mère est assassinée. Mais la jeune femme a déjà le caractère bien trempé. On raconte qu’à l’annonce de l’attentat sa première réaction aurait été : « Et notre patrie ? » Ce qui ne témoignait pas d’une excessive sensiblerie. C’est alors qu’elle prend le masque impassible dont elle ne se départira plus et qui lui vaudra son deuxième surnom : « princesse de glace ».

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De retour à Séoul, c’est elle qui, à 22 ans, occupe désormais les fonctions de première dame au côté de son père. Elle écoute religieusement cet homme qu’elle admire plus que tout, apprend et, unique femme dans un milieu exclusivement masculin, se forge un caractère d’homme. Lorsque, en 1979, son père est assassiné à son tour, elle commence un « long voyage solitaire », comme elle dit, qui durera dix-huit ans. Depuis son exil médiatique, Park s’efforce de réhabiliter la mémoire de son père et observe avec amertume ses anciens collaborateurs retourner un à un leur veste. « J’en ai tiré des leçons sur la nature des hommes », écrit la « fille à papa » (son troisième surnom) dans ses Mémoires.

Humiliation

En 1997, elle ressent la crise asiatique, qui frappe son pays de plein fouet, comme une humiliation. Ce désastre la révolte, elle, la fille de Park Chung-hee, l’artisan adulé du miracle économique, l’homme qui, en l’espace d’une génération, était parvenu à conduire son pays en ruine sur le chemin du redressement. La voilà propulsée de nouveau dans l’arène politique. Rien ne l’arrêtera plus. Rien, pas même ce coup de couteau à la gorge reçu pendant la campagne pour les élections locales de mai 2006.

Park Geun-hye est élue au Parlement, puis portée à la présidence du Grand Parti national. Mais elle brigue sans succès l’investiture de celui-ci pour la présidentielle de décembre 2007. Elle tient aujourd’hui sa revanche, mais, à rebours d’une certaine tradition familiale, elle a atteint son but par des moyens parfaitement démocratiques. Elle est même la première à remporter une élection présidentielle avec plus de 50 % des suffrages. Pour cela, elle aura dû faire quelques concessions et, surtout, exprimer pendant et après la campagne ses « sincères excuses » pour les exactions commises par son père.

Il lui reste à convaincre les 15 millions de Coréens qui, le 19 décembre, ont voté pour Moon Jae-in, son rival, que, finalement, elle n’a rien de commun avec son dictateur de père, si ce n’est une volonté inébranlable (son quatrième surnom : « la dame de fer ») et l’intention de s’attaquer bille en tête aux grands problèmes du pays : économie en berne, chômage des jeunes, inégalités sociales et, bien sûr, l’inextricable dossier nord-coréen. « Sur ce plan, ironisent les Coréens, nous nous sommes rapprochés de Pyongyang. Entre une "fille de dictateur" [son cinquième surnom, NDLR] et un fils de dictateur, le dialogue devrait bien se passer. »

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