Libye : Abdallah Senoussi, la main au collet

Extradée par les autorités mauritaniennes, l’âme damnée du régime Kadhafi est désormais sous les verrous à Tripoli.

L’ancien chef des services de renseignements libyens arrive à Tripoli, le 5 septembre. © AFP

L’ancien chef des services de renseignements libyens arrive à Tripoli, le 5 septembre. © AFP

Publié le 12 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Visiblement défait mais n’ayant rien perdu de son arrogance d’antan, Abdallah Senoussi arrive, en ce début d’après-midi du 5 septembre, à la prison d’El-Hadba el-Khadra de Tripoli. Ce retour forcé au pays met fin à des mois de négociations secrètes et de bras de fer diplomatique. Après avoir longtemps hésité, la Mauritanie a fini par extrader le plus haut dignitaire du régime Kadhafi réclamé par la Libye. L’ex-patron des services de renseignements militaires – alias « la boîte noire » – avait été arrêté à l’aéroport de Nouakchott le 17 mars, en provenance de Casablanca.

Il risque désormais la peine capitale pour son rôle dans la répression du soulèvement de 2011 qui a conduit à la chute de la Jamahiriya, des crimes contre l’humanité qui lui valent également un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI). Mais la Libye souhaite que Senoussi comparaisse devant les juridictions nationales, à l’instar de Seif el-Islam, fils et dauphin de Mouammar Kadhafi. Inquiètes, des organisations de défense des droits de l’homme – Amnesty International et Human Rights Watch – ont immédiatement réagi à la nouvelle de l’extradition en demandant qu’il soit livré à la CPI. Abderrahim el-Kib, le Premier ministre libyen, a de son côté promis « un procès équitable ».

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Chapelet

Cheveux et barbe hirsutes, serré de près à sa descente d’avion par Youssef Mangoush, le chef d’état-major, l’ancien bras droit de Kadhafi a tenté de cacher ses menottes dans les plis de sa tenue traditionnelle, sous les cris vengeurs des membres de la Garde nationale libyenne : « Le sang des martyrs n’aura pas coulé en vain ! »

Quelques heures après son arrestation, de nouvelles photographies le montrant crâne et menton rasés ont été diffusées, et une vidéo de son passage chez le coiffeur circulait sur les réseaux sociaux, rappelant les images de l’examen médical infligé à Saddam Hussein après sa capture.

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Le beau-frère de Kadhafi a été cueilli à l’aéroport de Nouakchott – un chapelet à la main ! – grâce à un guet-apens. « Les Mauritaniens lui ont donné rendez-vous avec une personnalité, il a découvert sur place que nous l’attendions. Il a tenté de résister vigoureusement. Il a fallu cinq hommes pour le maîtriser », a raconté Hassan Zaglam à la chaîne de télévision Libya el-Ahrar. Le ministre des Finances, qui faisait partie de la délégation dépêchée sur place, a laissé entendre que cette extradition ouvrait la voie à un renforcement des investissements libyens en Mauritanie, même si les deux parties nient toute transaction financière.

Massacre d’Abou Salim

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Pendant près de six mois, Senoussi aura été l’hôte – très encombrant – du président Abdelaziz. La justice mauritanienne avait prétexté une infraction au titre de séjour pour le maintenir en détention, après avoir annoncé, en mars, qu’il était entré en Mauritanie sous une fausse identité.

Depuis, l’homme avait élu domicile à Nouakchott dans une confortable villa, avec femme et enfants. Réclamé par la CPI, recherché par la France pour l’attentat contre le DC-10 d’UTA qui a coûté la vie à 54 Français en 1989, il était surtout demandé avec insistance par les Libyens, notamment pour le massacre de la prison d’Abou Salim en 1996. En mai dernier, Mustafa Abouchagour, le vice-Premier ministre, s’était rendu à Nouakchott pour négocier l’extradition de Senoussi, mais était rentré bredouille.

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