Portrait : Ernest Koménan élargit son champ d’action
Ernest Koménan, président du conseil de surveillance du Fonds pour l’agriculture africaine dispose de 200 millions d’euros, à investir notamment – et c’est nouveau – dans les pays francophones.
Réuni à Lusaka au début du mois, le conseil de surveillance du Fonds pour l’agriculture africaine (African Agriculture Fund, AAF) a clôturé la levée de 200 millions d’euros auprès de divers acteurs institutionnels et privés. Né d’une décision prise lors du sommet du G8 de L’Aquila (Italie), en 2009, en pleine crise alimentaire, le fonds bénéficie du soutien de la Banque africaine de développement (BAD), de l’Agence française de développement (AFD), de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et de la Banque d’investissement et de développement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (BIDC), entre autres.
Ces institutions ont été récemment rejointes par l’agence américaine Overseas Private Investment Corporation (Opic), qui a accordé un prêt de 40 millions d’euros. Il aura fallu toute la persévérance d’Ernest Koménan, président du conseil de surveillance de l’AAF, pour venir à bout des réticences américaines. Homme de consensus, « il sait donner du temps et obtenir toutes les décisions à l’unanimité », reconnaissent ses collaborateurs.
L’engagement pour l’agriculture en Afrique n’est pas un hasard pour cet Ivoirien de 57 ans. Il se souvient de ses vacances passées à aider ses parents, cultivateurs à Gagnoa. « C’est l’apprentissage de la vie, témoigne-t-il. Rien à voir avec le travail des enfants tel qu’il se pratique malheureusement aujourd’hui. » À 21 ans, maîtrise d’économie en poche, il a quitté la Côte d’Ivoire pour rejoindre la Northwestern University, à Chicago, où il a décroché un master en finance. Il a ensuite travaillé aux États-Unis, avant de revenir en Afrique où il a occupé divers postes au Kenya (Johnson & Johnson), en Côte d’Ivoire (Pioneer Agrogénétique, Citibank…) et en Zambie (Meridien International Bank).
Bilingue
En 1995, il a rejoint le fonds d’investissement de la Cedeao, devenu la BIDC, à Lomé. Il en est devenu vice-président chargé des opérations en 2009. La même année, il a été approché par l’AFD, qui souhaitait l’impliquer dans l’AAF. Son profil bilingue a été déterminant dans ce choix, officialisé en novembre 2010, le fonds voulant accroître sa présence en Afrique francophone. À ce jour, les deux seuls investissements conclus concernent l’Afrique anglophone, mais les choses bougent : l’AAF finalise actuellement un investissement de 4 millions d’euros en Côte d’Ivoire.
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