Rwanda : les terres agricoles, « c’est presque cadeau »

Les exploitations rétrécissent à mesure que la population rwandaise se densifie. Pourtant, des baux longue durée sont concédés à des sociétés étrangères. Les raisons de ce paradoxe.

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 3 juillet 2012 Lecture : 2 minutes.

C’est le pays le plus densément peuplé d’Afrique. Sa population, majoritairement rurale, augmente de 2,1 % par an, faisant décroître la taille moyenne des exploitations d’une année sur l’autre. Pourtant, le Rwanda offre ses terres sur un plateau d’argent. L’Office rwandais du développement (Rwanda Development Board, RDB), qui promeut les investissements privés, s’apprête ainsi à publier une charte pour faciliter et accélérer les cessions de terre sur une longue durée (jusqu’à quarante-neuf ans). Pour l’instant, sont principalement concernées les surfaces appartenant à l’État (entre 10 % et 15 % du foncier).

Les prix oscillent entre 1 000 et 2 000 francs rwandais (entre 1,30 et 2,60 euros) par hectare et par an. « C’est presque cadeau, reconnaît Tony Nsanganira, responsable de l’agriculture au RDB. Mais nous attendons des investisseurs une productivité optimale des terres, et il faut que le projet corresponde aux besoins du Rwanda. » La priorité du pays étant la réduction du déficit du commerce extérieur, les cultures d’exportation, si possible à forte valeur ajoutée, sont particulièrement choyées. Dans la province de l’Est, une société kényane a ainsi signé, cette année, un bail de quarante-neuf ans pour 50 ha de pâturages, qu’elle transformera en plantation d’avocatiers.

la suite après cette publicité

Surplus

Plus lucratif et moins gourmand en terres, le business de l’horticulture a rapporté 2 millions de dollars (1,5 million d’euros) en 2011, mais le RDB espère arriver à 300 millions de dollars par an d’ici à 2017 (autant que le total des exportations rwandaises en 2011). « Nous ne l’aurions peut-être pas fait il y a quelques années, concède Tony Nsanganira. Mais en 2011, notre production de nourriture a dépassé la consommation. Depuis cinq ans, nous avons une croissance solide du secteur, de 5 % par an en moyenne. Il y a donc un surplus. Et nous voulons le commercialiser. »

L’objectif du RDB est clair : il s’agit de passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture commerciale. Et le pari pourrait bien réussir : ce sont 78 millions de dollars qui ont été investis dans le secteur en 2011-2012, soit 150 fois le montant de l’année 2000. Les projets d’agrobusiness renforçant la sécurité alimentaire sont également encouragés : le Rwanda doit continuer d’augmenter son niveau de production pour couvrir une demande grandissante.

Reste un bémol : si le besoin se faisait sentir, par exemple, de replanter du riz à la place des plants d’avocatiers kényans, il faudrait convaincre les nouveaux locataires… ou attendre quelques décennies.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires