Katanga : les forçats de l’Unilu

Créée en 1955, l’université de Lubumbashi est l’un des fleurons académiques du pays. Elle attire nombre d’étudiants et se trouve désormais à l’étroit sur ses campus.

Sur le campus de la faculté des sciences sociales. © Raphaël Kalume pour J.A.

Sur le campus de la faculté des sciences sociales. © Raphaël Kalume pour J.A.

Publié le 30 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

Le Katanga grandeur nature
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On les surnomme les Kasapards, du nom du quartier qui abrite la prison de Kasapa, en périphérie de la ville. Ils viennent de toutes les provinces du pays, mais aussi de l’étranger, en majorité d’Afrique de l’Ouest francophone et de la sous-région, ainsi que de quelques pays anglophones, surtout de Zambie et d’Afrique du Sud. Pour cette année académique, les étudiants de l’université de Lubumbashi (Unilu) sont près de 27 000. Environ 7 000 de plus qu’il y a cinq ans.

Un boom inhérent à la croissance de la ville, qui attire des populations de tout le pays, ainsi qu’à la réputation de sérieux du corps académique de l’Unilu, comme l’explique Cédric, un Congolais originaire du Bas-Congo, qui l’a préférée à l’université de Kinshasa (Unikin), pourtant plus proche de chez lui : « Ici, les années universitaires ne sont pas élastiques. Les profs donnent les cours et respectent le calendrier. À Kinshasa, ils s’occupent davantage de leur poste et de politique que de leurs élèves. »

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La vie est aussi plus facile à Lubumbashi : « Les prix des chambres sont raisonnables, entre 50 et 200 dollars [entre 38 et 150 euros, NDLR], et l’on peut facilement trouver un petit boulot. À Kin, les loyers sont trop élevés et il faut avoir des relations pour décrocher un job. » Pour remédier aux lacunes de certains étudiants, l’université a rendu obligatoires des cours communs à toutes les filières. Au menu de cette (re)mise à niveau générale : grammaire, expression orale et écrite, logique et éducation à la citoyenneté.

Interface. Pour être en phase avec les besoins de l’économie provinciale, les facultés des sciences et polytechnique proposent des cursus fortement orientés vers les disciplines du secteur minier. Mondialisation oblige, l’Unilu a aussi créé une école supérieure de commerce et transformé sa faculté d’économie en faculté des sciences économiques et de gestion, afin de former des financiers et des gestionnaires et non plus seulement des économistes et spécialistes du marketing.

Enfin, depuis mai 2009, elle a mis en place une « interface université-société » bénéficiant de l’appui d’universités étrangères et dotée d’une trentaine de cellules, dont les savoir-faire sont mis au service des entreprises, du gouvernement provincial et de la population. « On vend des études, on organise des formations, des expositions et des conférences », explique Joseph Léonard, son directeur.

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Le principal problème de l’Unilu, c’est l’explosion de ses effectifs estudiantins. Car le nombre des enseignants, assistants et chargés de cours, lui, n’augmente pas. Pas plus que la taille des locaux. Du coup, l’enseignement magistral domine, au détriment des travaux pratiques, et c’est la course pour trouver des salles disponibles. « J’ai 1 500 étudiants. Je ne peux pas encadrer sérieusement tout le monde, explique un professeur d’économie. Quant aux locaux, parfois, on doit louer des salles dans les églises, et j’organise les examens le dimanche, le seul jour où l’on peut trouver de la place. » Pourtant, plus de 6 000 étudiants suivent les cours au sein des centres universitaires et extensions de l’Unilu dans la province, notamment à Kamina, Kolwezi, Likasi, Kasumbalesa et Kalemie.

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