Algérie : dernière ligne droite pour les réformes

Préparation de la succession, parachèvement d’un programme de développement, consolidation de l’édifice institutionnel… Les deux dernières années du président s’annoncent chargées.

Objectif pour Abdelaziz Bouteflika : moderniser le pays et redonner espoir à la jeunesse. © AFP

Objectif pour Abdelaziz Bouteflika : moderniser le pays et redonner espoir à la jeunesse. © AFP

Publié le 30 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

Avant de quitter la présidence du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), l’opposant algérien Saïd Sadi avait prédit que le président Abdelaziz Bouteflika n’achèverait pas son mandat. Les raisons qu’il avait alors invoquées mêlaient l’état de santé fragile du locataire d’El-Mouradia, sa lassitude face aux turpitudes du sérail et sa perte d’influence au profit de l’armée. Et une nouvelle fois, Saïd Sadi semble s’être trompé. « Il n’y a aucune raison pour que Bouteflika quitte prématurément le pouvoir, affirme Abdelaziz Ziari, membre du bureau politique du FLN et président de l’Assemblée sortante. Il est en pleine forme et n’est pas homme à céder face à l’adversité ou à la difficulté de réformer, comme il en a exprimé le souhait. Le seul scénario qui aurait pu provoquer un départ anticipé est un raz de marée électoral des islamistes. Il n’a pas eu lieu. » En quoi une victoire électorale des fondamentalistes gênerait un président de la République qui, depuis son arrivée aux affaires en 1999, a nommé des Frères musulmans dans tous ses gouvernements successifs ? Si le chef de l’État algérien estime que les islamistes sont « nationalo-compatibles », une divergence de fond rend le fossé qui le sépare d’eux infranchissable : la nature du régime.

La nouvelle Assemblée nationale aura un peu des allures de Constituante

De toutes les réformes qu’il a lancées depuis l’avènement du Printemps arabe, le projet de révision de la Constitution est, aux yeux de Bouteflika, le plus déterminant dans sa volonté d’ancrer l’Algérie dans la modernité, d’y consolider la pratique démocratique et les institutions. La nouvelle législature aura un peu des allures de Constituante. Une victoire de l’Alliance de l’Algérie verte, consortium de l’islamisme « modéré », aurait compliqué le prochain débat parlementaire sur la mouture élaborée par les services présidentiels après une « large consultation » avec la classe politique, la société civile et des personnalités nationales. L’opposition, islamistes en tête, milite pour un régime parlementaire. « Trop dangereux pour la stabilité du pays », selon Bouteflika, qui privilégie un système présidentialiste assurant au chef de l’État, élu au suffrage universel, le maintien de ses prérogatives, voire leur extension. Autant dire des positions inconciliables.

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Pas d’euphorie

Préparation d’une succession compliquée à plus d’un titre, parachèvement d’un programme de développement économique, consolidation de l’édifice institutionnel, les deux dernières années du mandat d’Abdelaziz Bouteflika ne s’annoncent pas de tout repos. Son triomphe électoral du 10 mai, la neutralisation du péril fondamentaliste qui épargne à l’Algérie une instabilité politique à l’égyptienne, la fierté de rendre à la femme algérienne une part de sa dignité ne semblent pas avoir provoqué en lui quelque euphorie. Pour l’heure, il continue d’apparaître avec parcimonie. « Mais il travaille beaucoup », assure-t-on dans les couloirs d’El-Mouradia. Un ancien membre influent de son staff de campagne confirme que « le président consulte peu et [que] ses rares visiteurs du soir sont avares de confidences ». Bien malin qui pourrait deviner le nom du futur Premier ministre. 

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