Tunisie : Mounira Hmani Aifa, le savoir dessillé

Le 28 mars, la chercheuse tunisienne Mounira Hmani Aifa sera récompensée par l’Unesco et la Fondation L’Oréal pour sa découverte d’un gène de la cécité.

Mounira Hmani Aifa a consacré huit ans à la traque du gène PRSS56. © Mélanie-Jane Frey/Capa pour l’Oréal-Unesco

Mounira Hmani Aifa a consacré huit ans à la traque du gène PRSS56. © Mélanie-Jane Frey/Capa pour l’Oréal-Unesco

Publié le 26 mars 2012 Lecture : 1 minute.

Certains prédicateurs islamistes actuellement en tournée dans toute la Tunisie ont beau essayer de remettre en question la science moderne, Mounira Hmani Aifa n’en a cure. Celle qui, depuis son laboratoire du Centre de biotechnologie de Sfax, fait si bien avancer la génétique humaine recevra, le 28 mars à Paris, la bourse « Sur les traces de Marie Curie », attribuée par l’Unesco et la Fondation L’Oréal.

Ce coup de maître n’est pas son coup d’essai : en 2002, grâce à une bourse internationale L’Oréal-Unesco déjà, elle poursuit des recherches postdoctorales en Suède et met en évidence, à son retour en Tunisie, une corrélation entre ADN et transmission de la cécité. Elle consacre huit années de recherche à la traque du gène PRSS56, qu’elle cartographie. Responsable de la microphtalmie postérieure, un trouble oculaire héréditaire rare qui induit une hypermétropie sévère, PRSS56 pourrait être à l’origine de l’apparition d’une forme de glaucome touchant 16 millions de personnes dans le monde. C’est pour cette découverte majeure que Mounira Hmani Aifa sera récompensée.

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À l’adolescence, elle voulait être cancérologue. Issue d’une famille sfaxienne où les valeurs d’entraide et de solidarité sont aussi profondément ancrées que le sens du travail, le respect et la tradition, Mounira Hmani Aifa a baigné dans un environnement où, hors savoir, point de salut. Son père, aujourd’hui disparu, n’a eu de cesse de l’encourager : « L’essentiel est que tu puisses être la meilleure. » Elle adapte l’injonction paternelle à travers un comportement volontariste, un sens de la persévérance et une vision optimiste qui lui ont permis d’entreprendre une carrière de haut vol. À 40 ans, cette mère de quatre enfants, passionnée de sport, jongle entre une vie de famille bien remplie, l’enseignement de la génétique moléculaire humaine et la recherche. N’en déplaise à ceux que l’extrémisme religieux rend aveugles… 

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