Afrique du Sud : le gouvernement promet de punir les auteurs des violences xénophobes

Le gouvernement sud-africain a promis dimanche de punir les auteurs des violences xénophobes qui ont fait au moins sept morts depuis début avril, alors que le Malawi et le Zimbabwe s’apprêtaient à rapatrier certains de leurs ressortissants.

Pneus incendiés le 17 avril 2015 lors de violences xénophobes à Johannesburg. © AFP

Pneus incendiés le 17 avril 2015 lors de violences xénophobes à Johannesburg. © AFP

Publié le 19 avril 2015 Lecture : 3 minutes.

"Nous envoyons un avertissement sérieux à ceux qui se livrent à des actes de violence publique. Nous vous trouverons et vous aurez à affronter la loi dans toute sa rigueur", a lancé le ministre de l’Intérieur Malusi Gigaba, lors d’une conférence de presse retransmise en direct par la télévision dimanche matin. Selon lui, 307 personnes ont été arrêtées depuis le début des violences, fin mars, qui visent les communautés étrangères africaines établies en Afrique du Sud.

Des incidents isolés ont encore eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche, ont constaté des photographes de l’AFP à Johannesburg et à Durban (est), même si la vague de violences semblait être partiellement retombée. "Il est temps pour l’Afrique du Sud de se dresser, unie, pour endiguer la vague de violence (…) et les actes qui menacent de plonger notre pays dans l’anarchie", a poursuivi M. Gigaba. "La priorité est de restaurer la paix et l’ordre", a-t-il dit.

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Le président Jacob Zuma, accusé de passivité aux premiers jours des incidents, a finalement annulé samedi un voyage en Indonésie, et s’est rendu dans la soirée à Durban pour y rencontrer des étrangers regroupés dans un camp après avoir fui leurs quartiers pour échapper aux agressions. Il les a enjoints à rester en Afrique du Sud, mais l’accueil a été globalement hostile. "Trop tard, trop tard !", "Rentre chez toi, rentre chez toi !", lui a crié la foule.

Meurtre en première page

Sans attendre, le Zimbabwe et le Malawi, deux des principaux pays d’immigration africaine vers l’Afrique du Sud, avec le Mozambique et la République démocratique du Congo, ont d’ailleurs annoncé le rapatriement de ceux de leurs ressortissants qui le désirent.

Des bus ont été affrétés par le Zimbabwe à Durban, la grande ville de la côte est du pays où ont commencé les violences. "Nous avons sept bus qui vont ramener un premier contingent au Zimbabwe", dont 110 enfants, a annoncé l’ambassadeur du Zimbabwe en Afrique du Sud Isaac Moyo, cité par l’agence News24.

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Le gouvernement du Malawi a pour sa part annoncé l’arrivée de quatre bus d’évacués dimanche soir ou lundi matin. En Afrique du Sud, la presse dominicale continuait à faire ses gros titres sur cette flambée xénophobe, notant les dommages irréversibles infligés à l’image du pays, sept ans après des émeutes de même nature qui avaient fait 62 morts en mai 2008.

Le Sunday Times publiait en une trois photos sanglantes du meurtre d’un Mozambicain samedi matin dans le township d’Alexandra, l’un des plus mal famés de Johannesburg. On y voit, en plein jour, un homme poignarder sa victime, puis la victime s’effondrer en sang, alors que des passants semblent regarder la scène de loin. La police avait confirmé le décès samedi, portant à sept morts le bilan officiel des violences, bien que certaines associations parlent d’une quinzaine de victimes.

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Bidonvilles minés par le chômage et la violence.

Plusieurs journaux pointaient aussi les possibles conséquences de ces violences pour les entreprises sud-africaines implantées en Afrique, et pour l’économie nationale en général.

Conscient du danger, le ministre de l’Intérieur a tenu à s’adresser "aux pays qui continuent d’investir en Afrique du Sud". "Nous voulons leur redire que l’Afrique du Sud est une démocratie constitutionnelle régie par l’Etat de droit (…), les investisseurs sont les bienvenus pour faire des affaires", a-t-il lancé.

Les observateurs estiment généralement que ces violences sont la conséquence des frustrations accumulées par la majorité pauvre du pays, à qui Nelson Mandela avait promis "une vie meilleure" à la chute du régime ségrégationniste d’apartheid en 1994, et qui, une génération plus tard, vit toujours dans des bidonvilles ou des quartiers pauvres minés par le chômage et la violence.

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