Côte d’Ivoire : la police appelle à « ne pas lyncher » les suspects d’enlèvements d’enfants

La police ivoirienne a appelé vendredi à « ne pas lyncher » les suspects d’enlèvements d’enfants, comme cela est déjà arrivé en Côte d’Ivoire où une vague d’assassinats de mineurs a créé une psychose.

Souleymane, un garçon de 10 ans qui a survécu à une agression dans le quartier de Yopougon, à Ab © AFP

Souleymane, un garçon de 10 ans qui a survécu à une agression dans le quartier de Yopougon, à Ab © AFP

Publié le 31 janvier 2015 Lecture : 2 minutes.

La police "appelle les populations au calme et à la retenue" et "leur demande de faire confiance aux forces de sécurité et de défense qui font des patrouilles régulières sur toute l’étendue du territoire national", d’après un communiqué diffusé vendredi.

Dans ses recommandations aux Ivoiriens, la police préconise notamment de "ne pas lyncher les suspects considérés comme enleveurs d’enfants", mais de "les conduire au poste de police".

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En trois mois, la police a comptabilisé 25 dossiers d’enlèvements d’enfants suivis de meurtres sur tout le territoire. La plupart des corps ont été retrouvés "mutilés, avec la disparition de leurs parties génitales, ou décapités", selon la police. "Il faut que les populations saisissent les autorités et qu’elles ne se fassent pas justice", a déclaré vendredi à l’AFP le commissaire Dorgeles Gnawa, porte-parole de la police, citant plusieurs tabassages ces derniers jours.

Conseils aux enfants

"Un indigent, qui demandait de l’argent à une dame avec sa petite fille, a été sérieusement battu par la foule. La dame lui avait demandé les documents de la petite, qu’il n’avait pas. Elle a alors crié +Au vol, à l’enlèvement+", a-t-il raconté.

A Yopougon, plus grande commune d’Abidjan, un jeune homme a été rossé jeudi parce qu’il marchait avec deux enfants que leur mère lui avait demandé de récupérer à leur école, ont rapporté des témoins.

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Mercredi, le ministre ivoirien de l’Intérieur, Hamed Balayoko, a annoncé la mobilisation de 1.500 agents des forces de sécurité pour enrayer la vague d’enlèvements suivis de meurtres d’enfants frappant depuis quelques mois la Côte d’Ivoire.

Vendredi, la ministre de l’Education Kandia Camara, en déplacement à Daoukro (est), a appelé à la création d’un "comité de vigilance" dans "chaque établissement de Côte d’Ivoire", pour que les enfants soient "en sécurité partout".

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"Je voudrais que chaque enseignant réserve 5 minutes chaque jour à prodiguer des conseils à nos élèves" qui, "une fois partis de l’école", doivent aller "directement à leur domicile", a poursuivi la ministre.

La vague d’assassinats a créé une psychose en Côte d’Ivoire, qui sort d’une décennie de crise politico-militaire dont les violences postélectorales de 2010-2011 ont constitué l’épilogue, faisant plus de 3.000 morts en cinq mois.

Des alertes enlèvements très détaillées se multiplient par SMS ou sur les réseaux sociaux, où des appels au meurtre des "tueurs d’enfants" sont recensés. "Ces criminels sont en majorité des brouteurs. Ces criminels ignobles, nous allons tous les arrêter et les mettre en prison", a affirmé Mme Camara.

La population désigne, sans preuve, les "brouteurs", des délinquants spécialisés dans les escroqueries sur internet, comme les auteurs de ces crimes. Les rumeurs les plus folles ont toujours circulé pendant les années d’élections en Côte d’Ivoire sur les disparitions de personnes, notamment les albinos, à des fins de sacrifices humains. Un scrutin présidentiel se tiendra en octobre dans le pays.

 

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