France : l’agresseur des policiers de Joué-lès-Tours affichait le drapeau de l’EI sur Facebook

Jeune homme au physique athlétique, l’agresseur des policiers de Joué-lès-Tours abattu samedi par les forces de l’ordre s’était récemment converti à l’islam, affichant sur son compte Facebook le drapeau du groupe jihadiste État islamique (EI).

Le 20 décembre 2014 au commissariat de Joué-les-Tours, en France. © AFP

Le 20 décembre 2014 au commissariat de Joué-les-Tours, en France. © AFP

Publié le 21 décembre 2014 Lecture : 3 minutes.

"Allahou Akbar": c’est après avoir crié "Dieu est le plus grand", en arabe, que Bertrand Nzohabonayo, un Français né il y a une vingtaine d’années au Burundi – un pays majoritairement chrétien – a blessé violemment, à l’arme blanche, trois policiers, dont les jours ne sont pas en danger.

Converti à l’islam, habitant Joué-lès-Tours, mais "naviguant" entre les domiciles de membres de sa famille, selon le procureur de la République de Tours, Bertrand Nzohabonayo, était connu pour des petits actes de délinquance. En revanche, il "n’était pas fiché pour "des activités à caractère terroriste", a souligné samedi le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, au terme d’un déplacement au commissariat de Joué-lès-Tours.

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Mais le compte Facebook du jeune homme, qui avait pris le prénom de Bilâl lors de sa conversion à l’islam, selon un de ses proches sous couvert d’anonymat, affiche le drapeau du groupe jihadiste Etat islamique (EI). Plusieurs textes et slogans inspirés de l’islam radical apparaissent aussi sur cette page.

Son frère est par ailleurs connu pour ses positions radicales, ayant un temps envisagé de partir en Syrie avant de renoncer, selon une source proche de l’enquête. Il se trouve actuellement à l’étranger, selon une autre source.

Le parquet antiterroriste s’est rapidement saisi de l’affaire et devra déterminer si Bertrand Nzohabonayo a agi de sa propre initiative ou dans le cadre d’une action organisée, sachant que l’EI encourage les candidats au jihad à lancer des attaques contre les "infidèles", militaires, policiers ou même civils.

La France avait été nommément citée comme cible par l’EI après le début des frappes françaises en Irak, et de tels appels sont régulièrement relayés dans des vidéos du groupe jihadiste.

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"Calme, plutôt réservé"

"C’est clair que quand il y a un individu qui attaque un commissariat, en criant +Allahou Akbar+, il y a de quoi se poser la question de savoir s’il a agi seul (ou) s’il a agi sur ordre", a expliqué le procureur de Tours, Jean-Luc Beck. "Et tout ça, c’est le parquet spécialisé qui pourra mieux que personne le faire".

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Selon les premiers éléments de l’enquête, Bertrand Nzohabonayo n’a laissé ni lettre, ni message, a souligné le procureur.

Sur les photos de lui qui circulent sur les réseaux sociaux, on distingue un jeune souriant, au crane rasé et au collier de barbe noire fourni mais sans moustache. L’agression a créé la stupeur dans la commune de 36.000 habitants située en banlieue de Tours.

L’agresseur des policiers est décrit par un de ses anciens éducateurs sportifs comme un garçon calme, plutôt réservé. "Quand il est arrivé au club de foot, en provenance de la région parisienne, il devait avoir 16-17 ans. Il a voulu arbitrer, ce qui n’est pas si fréquent à cet âge-là. Il était épris de justice", s’étonne cet homme qui souhaite conserver l’anonymat.

Le jeune homme dégageait de la "puissance physique", commente son ancien entraîneur à un correspondant de l’AFP. "Il avait une démarche particulière, avec les jambes arquées", poursuit-il, tout en restant dubitatif quant à son engagement radical: "Nous le voyions parfois à la mosquée. Mais il n’avait pas poursuivi dans le foot, ni dans l’arbitrage, pour une raison que j’ignore".

Plusieurs personnes rencontrées près du domicile de sa soeur, un petit bâtiment HLM de quatre étages plutôt propret dans le quartier populaire de la Rabière, refusent de croire à la thèse de l’agression islamiste.

"Ce n’est pas à l’image de notre ville. Nous avons réussi à tisser le dialogue et l’entente entre les communautés", assure Ahmed Moussaoui, un retraité qui préside l’association de quartier Rapprochement culturel et solidarité.

Les rapports entre la police et les jeunes Jocondiens sont parfois conflictuels, comme l’avait montré l’interpellation musclée, en août 2013, d’un automobiliste, suscitant une enquête de l’IGPN à la suite de la publication d’une vidéo de l’arrestation. L’automobiliste a été condamné en juin dernier à trois mois de prison.

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