Gabon : un étudiant tué lors d’une manifestation interdite de l’opposition

Un étudiant gabonais a été tué samedi au cours d’une manifestation interdite de l’opposition réclamant le départ du président Ali Bongo Ondimba, qui a donné lieu à des heurts avec les forces de l’ordre, l’opposition parlant de trois morts.

Manifestation interdite de l’opposition à Libreville, le 20 décembre 2014. © AFP

Manifestation interdite de l’opposition à Libreville, le 20 décembre 2014. © AFP

Publié le 21 décembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Les circonstances exactes de la mort de ce jeune homme de 30 ans n’ont pas été précisées, mais cet incident ajoute aux tensions politiques croissantes. Avant la manifestation, l’ONU avait appelé pouvoir et opposition au dialogue pour éviter "une crise profonde".

"Un jeune compatriote de 30 ans (…) est décédé"lors de la manifestation, a déclaré à la presse le procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé. Selon elle, il s’agissait d’un étudiant "qui a été mis sur le dessus d’un taxi" au milieu des manifestants.

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Selon la médecin légiste, le jeune homme est décédé d’une blessure à la gorge probablement causée par "un objet tranchant". "Il est mort des suites des blessures que j’ai examinées au niveau (…) du cou" et il présentait une autre blessure "juste au-dessous du menton", a indiqué le Dr Liliane Flore Pemba.

Sur les réseaux sociaux, l’opposition a, quant à elle, accusé le pouvoir d’avoir tué plusieurs manifestants. L’information n’a pas pu être confirmée officiellement dans l’immédiat.
"Trois morts et des centaines de blessés. Manifestation pacifique brutalement réprimée", a ainsi affirmé sur Twitter l’ancien président de la Commission de l’Union africaine (UA) ayant rejoint l’opposition, Jean Ping, présent à la manifestation.

Des heurts ont éclaté à Libreville et au moins une vingtaine de personnes ont été interpellées, a constaté une journaliste de l’AFP. Les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes pour empêcher les manifestants de se rassembler au carrefour Rio, dans un quartier populaire, où des cortèges de plusieurs centaines de manifestants ont afflué de chaque côté de la place.

Un important dispositif de sécurité était déployé, avec camions et dizaines de policiers et gendarmes bloquant les accès au carrefour. Un hélicoptère survolait en permanence la manifestation. En première ligne, plusieurs ténors de l’opposition, dont Jean Ping et le dernier Premier ministre du défunt président Omar Bongo Ondimba, Jean Eyéghé Ndong ont été pris sous les tirs de grenades lacrymogènes.

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"Comme des chiens"

"Ali, dégage! 50 ans, c’est trop long!", scandait la foule. Le président Ali Bongo Ondimba dirige le pays depuis la mort en 2009 de son père Omar, au pouvoir depuis 1967.
"On venait marcher pacifiquement, dire qu’on en a marre que le pays soit pillé, c’est tout, mais ils nous traitent comme des chiens", a lancé Jonas, un jeune Gabonais.

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Plusieurs manifestants ont répondu aux forces de l’ordre par des jets de pierres et de bouteilles en verre. Après une forte pluie, conjuguée à l’action des forces de l’ordre, le gros de la foule ,s’est dispersée en début d’après-midi. Des heurts ont alors éclaté dans les bidonvilles adjacents, comme les Akébés, où des barricades ont été errigées, des pneus et au moins une voiture brûlés.

Selon le procureur, il y a eu "des actes de vandalisme", notamment des boutiques "saccagées" et "des voitures incendiées". Vendredi, le ministère de l’Intérieur avait annoncé que la manifestation était interdite afin d’éviter d’éventuels "troubles à l’ordre public".

A la veille du rassemblement, le chef du bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (Unoca), Abdoulaye Bathily, s’était dit "vivement préoccupé par le climat ambiant" au Gabon, appelant "au calme et au dialogue" entre gouvernement et opposition.

La parution du dernier livre sur le pouvoir gabonais du journaliste français Pierre Péan, "Nouvelles affaires africaines", a suscité une grande polémique dans cette ex-colonie française.

Le journaliste accuse le président gabonais d’avoir falsifié de nombreux documents, de son acte de naissance à ses diplômes. Une plainte déposée en novembre par l’opposition sur l’état-civil du chef de l’Etat a été rejetée cette semaine par le parquet.

 

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