Ebola : précautions et inquiétude chez les Français du Mali

Depuis l’annonce d’un cinquième cas d’Ebola au Mali, la communauté française, forte de 6.000 ressortissants et de 1.400 militaires, y observe avec inquiétude l’arrivée de l’épidémie, certains envisageant un départ en cas de pic.  

Véhicule militaire positionné devant la clinique Pasteur le 12 novembre 2014 à Bamako. © AFP

Véhicule militaire positionné devant la clinique Pasteur le 12 novembre 2014 à Bamako. © AFP

Publié le 16 novembre 2014 Lecture : 3 minutes.

"J’ai connu le coup d’Etat (en 2012), la guerre (en 2013) et je suis toujours restée. Je ne suis pas une peureuse mais face à la maladie c’est différent", affirme à l’AFP Béatrice Roby, qui réside au Mali depuis huit ans. "J’ai un peu peur, il faut le reconnaître. Peur des négligences ou de l’inconscience qui font que des gens vont aller à des enterrements ou des mariages", ajoute cette Française, rencontrée en marge de la visite samedi à Bamako de la secrétaire d’Etat française au Développement Annick Girardin.

Le Mali a enregistré en moins d’un mois, entre octobre et novembre, cinq cas d’Ebola, dont quatre mortels à Kayes (ouest) et Bamako, au moment où la communauté internationale tente de contenir la propagation de l’épidémie qui a fait près de 5.200 morts depuis fin 2013 en Afrique de l’Ouest, essentiellement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée.

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Le virus Ebola se transmet par contact direct avec les fluides corporels. Il provoque une fièvre qui se manifeste par des hémorragies, des vomissements et des diarrhées. Les rituels funéraires, avec lavage et toucher des corps, jouent un rôle important dans la transmission, les cadavres étant particulièrement contagieux.

Le lycée français reste ouvert

Béatrice Roby est informée des risques et "surveille la situation". "S’il y a un pic (de cas) dans dix jours, je rentre (en France), le temps que ça se calme. Je vais mettre ma fille à l’abri", affirme-t-elle. Destination Toulouse et tant pis pour ses affaires de consultante. "Economiquement, ce sera dur. Mais entre gagner de l’argent et vivre…", dit-elle.

Le ministère français des Affaires étrangères a déconseillé aux Français de se rendre à Bamako mais sur place, Mme Girardin s’est voulue rassurante lors de la rencontre avec ses compatriotes samedi soir à résidence de l’ambassadeur de France. "Il faut éviter de paniquer. Mais il faut être prudent. (…) Dans cette épreuve que traverse le Mali, la France est avec vous", leur a-t-elle dit.

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Le lycée français de Bamako restera ouvert mais il y aura des contrôles de température pour chaque personne y entrant, avec l’obligation de se désinfecter les mains. Les écoles maliennes, fréquentées par de nombreux jeunes enfants français, continueront de fonctionner mais elles ne bénéficieront pas du même traitement que le lycée, souligne un Français. Certaines entreprises ont déjà pris des mesures similaires.

"Préoccupé mais pas paniqué"

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Eva prenait l’avion samedi soir pour ramener en France son fils de 5 ans et ensuite revenir en début de semaine à Bamako pour son travail. "Je préfère ne pas attendre. Je préfère éviter les avions pleins. Les contrôles seront peut-être plus stricts. Je ne veux pas courir de risques. On verra ensuite comment cela évolue", explique-t-elle.

Un des cas recensés à Bamako inquiète particulièrement : l’homme, dont la contamination a été détectée tardivement, est décédé dans une clinique fréquentée par la communauté française. Certains Français parlent de "tentative d’étouffement" de l’information sur ce cas, d’autres dénoncent une "incompétence", s’étonnant de la lenteur du diagnostic. "On est un peu choqués" par cette affaire, confie François. 

Cependant, "je n’envisage pas de quitter le pays. Je ne me sens pas étranger ici", explique-t-il. Marié à une Malienne, père d’un enfant en bas âge, il indique avoir décidé de rester, comme il est resté en dépit des bouleversements politiques, militaires et sécuritaires de ces dernières années au Mali. Ferme, il résume: "On est préoccupé mais pas paniqué".

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