Ebola : débuts difficiles pour la campagne d’information dans le Sierra Leone confiné

La population du Sierra Leone vivait samedi son deuxième jour de confinement général, après une première journée « difficile » pour les équipes chargées d’informer les habitants sur l’épidémie d’Ebola, qui suscite une mobilisation internationale croissante.

Un travailleur de Médecins sans frontières dans un centre de traitement du virus Ebola. © AFP

Un travailleur de Médecins sans frontières dans un centre de traitement du virus Ebola. © AFP

Publié le 20 septembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Mesure sans précédent et controversée, le gouvernement sierra-léonais a décrété trois jours d’arrêt dans tout le pays pour mener une campagne de porte-à-porte géante. Il s’agit de tenter de juguler l’épidémie qui a fait 2.630 morts depuis le début de l’année en Afrique de l’Ouest, essentiellement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée.

En Sierra Leone où 562 personnes ont déjà été tuées par le virus, quelque 30.000 volontaires par équipes de quatre sillonnent le pays pour informer sur la maladie les six millions d’habitants pendant ces trois jours de campagne. Ils distribuent aussi un savon à chaque foyer, et alertent les services spécialisés s’ils découvrent des malades ou des morts.

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"Les débuts (de la campagne) ont été vraiment très difficiles", a déclaré vendredi soir Steven Gaoja, qui dirige le centre national d’opération d’urgence contre Ebola. Il a évoqué des problèmes de "logistique" sur le terrain et un "énorme nombre d’appels" au centre, qui a du mal à faire face. Mais ces problèmes ont été progressivement "réglés" et la journée a été un "succès", a-t-il estimé, relevant "l’enthousiasme des Sierra-Léonais pour cet exercice".

Sur le terrain l’accueil initial a été plutôt favorable, d’après les témoignages recueillis par l’AFP. "Il y avait beaucoup de messages contradictoires dans le quartier sur cette campagne, mais nous voyons maintenant que c’est une bonne chose pour nous tous. Il s’agit de sauver nos vies", a déclaré Sammy Jones, un père de famille, dans l’ouest de la capitale Freetown. Des critiques se sont néanmoins élevées face à cette opération inédite, pointant une préparation insuffisante et une mauvaise approche.

"Les superviseurs sont bien entraînés, mais les équipes qui visitent les familles dans certaines régions de l’ouest du pays n’ont pas été assez formées et ne sont pas en mesure de donner correctement des informations", a affirmé Abubakarr Kamara, un responsable de l’association humanitaire Health for All (Santé pour Tous)."Beaucoup d’entre eux (les volontaires) étaient trop jeunes pour participer à cet exercice et dans une ou deux maisons où j’ai assisté à leur intervention, ils avaient du mal à communiquer avec les familles", a-t-il ajouté.

Renforts cubains

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L’organisation Human Rights Watch a aussi critiqué l’opération: "davantage un coup de pub qu’une intervention sanitaire", selon Joe Amon, son directeur pour les questions de santé et de droits de l’Homme. Présente en Sierra Leone, Action contre la Faim s’est dit "très préoccupée par les conséquences de la mise en place de mesures coercitives de masse vis-à-vis d’une population déjà en souffrance et méfiante à l’encontre du système de santé".

Une méfiance qui vient de faire des victimes en Guinée voisine: huit membres d’une mission anti-Ebola, des responsables locaux et des journalistes, ont été tués cette semaine par des villageois dans le sud du pays. C’est la première fois, depuis le début de l’épidémie dans la région, qu’une réaction d’hostilité de populations à des actions officielles menées contre la maladie aboutit à des morts.

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Alors que les systèmes de santé des pays les plus touchés sont à bout de souffle face à ce défi sans précédent, un contingent de 165 médecins et infirmières cubains doit arriver en Sierra Leone ce week-end, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Au Liberia voisin, le pays de loin le plus touché avec près de 1.500 morts, des soldats américains sont en cours de déploiement.

Le président américain Barack Obama a annoncé que 3.000 militaires au total seraient déployés en Afrique de l’Ouest pour participer à la construction de nouveaux centres de traitement, offrir une aide logistique et assurer la formation de personnel sanitaire. La France et l’Allemagne ont annoncé vendredi la mise en place d’un pont aérien depuis Dakar afin d’acheminer l’aide vers les pays frappés par Ebola. Deux avions Transall devraient acheminer 100 tonnes d’aide chaque semaine vers le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone.

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