Ebola : 165 personnels cubains en Sierra Leone, Obama supervise la stratégie américaine

La mobilisation internationale contre Ebola a reçu vendredi un renfort de taille, Cuba annonçant l’envoi de 165 médecins et infirmiers en Sierra Leone, un déploiement encore loin de remédier à la pénurie criante de personnels médicaux face à l’épidémie en Afrique de l’Ouest.

Un agent sanitaire, le 10 septembre 2014 au Liberia. © AFP

Un agent sanitaire, le 10 septembre 2014 au Liberia. © AFP

Publié le 13 septembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Il s’agit de l’envoi "le plus important" d’experts de la santé par un Etat depuis que l’épidémie a éclaté en début d’année, a souligné la directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Chan.

"Nous manquons de tout", a déclaré Mme Chan. "Mais ce dont nous avons le plus besoin, c’est de personnel", a-t-elle souligné alors que l’épidémie a fait plus de 2.400 morts.
Compte tenu du caractère très contagieux d’Ebola, il faut environ 200 personnels de santé, dont 20 % d’expatriés, pour traiter 70 à 80 patients, selon l’OMS. L’organisation estime qu’il manque dans la région entre 500 et 600 soignants étrangers et quelque 1.000 nationaux.

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L’OMS dispose de près de 200 experts internationaux sur le terrain, tout comme Médecins sans frontières (MSF), en première ligne dans cette lutte, et de 300 autres mobilisables.

Les Etats-Unis ont déployé une centaine de personnels dans l’ensemble des pays touchés, dont quelque 70 des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains, dont le président Barack Obama visitera le siège à Atlanta (est) mardi pour discuter de la stratégie contre la maladie, a annoncé son porte-parole.

Cuba va envoyer en Sierra Leone "une brigade de 165 collaborateurs, constituée de 62 médecins et 103 infirmiers", pour six mois, prêts à coopérer avec leurs homologues américains, a indiqué le ministre cubain de la Santé, Roberto Morales Ojeda, à Genève.

"Tous ont déjà participé antérieurement à des situations post-catastrophes naturelles et épidémiologiques", se sont déclarés volontaires et ont travaillé en Afrique, a ajouté le ministre cubain, précisant que certains étaient déjà arrivés.

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Cuba, qui compte plus de 50.000 médecins et personnels de santé travaillant dans une soixantaine de pays, jouit de l’un des plus forts taux de médecins par habitant, contrairement aux pays touchés par Ebola, avec seulement un ou deux pour 100.000 personnes.

Le ministre n’a pas expliqué le choix de la Sierra Leone, dont sont originaires certaines populations de l’île, sinon par le souci de "ne pas disperser les ressources humaines" afin de limiter les risques de contamination.

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Femmes particulièrement touchées

L’épidémie d’Ebola se caractérise par un nombre de cas très élevé parmi les personnels soignants, y compris expatriés. Quatre Américains ont ainsi été contaminés au Liberia, de loin le pays le plus touché.

L’état de l’un d’entre eux, le Dr Rick Sacra, qui a bénéficié d’un traitement expérimental et de transfusions de plasma sanguin de son collègue guéri, le Dr Kent Brantly, s’est nettement amélioré, selon sa famille et ses médecins.

La secrétaire d’Etat française au Développement et à la Francophonie Annick Girardin, qui sera en Guinée samedi, –première ministre européenne à "se déplacer dans l’un des trois pays les plus touchés par ce virus", a-t-elle souligné–, a expliqué la nécessité d’une répartition des tâches par l’ampleur de l’épidémie.

Avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne notamment, "on doit pouvoir coordonner nos actions, chacun intervenant là où il a des partenaires habituels, en France avec la Guinée, et puis aussi trouver d’autres partenaires européens", a dit Mme Girardin à Dakar.

L’épidémie de fièvre hémorragique, la plus grave depuis l’identification du virus en 1976, a tué plus de 2.400 personnes sur 4.784 cas, selon le dernier bilan annoncé vendredi par Mme Chan, qui n’a pas précisé s’il incluait le Nigeria, pays le plus peuplé du continent (8 morts jusqu’à présent), ou uniquement le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone.

Au Liberia, Ebola a fait quelque 2.000 orphelins, selon une porte-parole du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) dans ce pays.

L’engorgement des services sanitaires au Liberia et en Sierra Leone prive en outre les enfants de traitements contre les maladies infantiles les plus meurtrières, comme le paludisme, selon un communiqué de l’Unicef.

Les femmes sont particulièrement touchées "en raison de leur rôle d’aide auprès des malades: près des deux tiers des cas de décès liés au virus sont des femmes", relève l’organisation.
 

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