Algérie : valse de patrons à la tête du groupe pétrolier Sonatrach

Le groupe pétrolier algérien Sonatrach a un nouveau PDG, le neuvième en 15 ans, signe d’une instabilité chronique à la tête de l’entreprise publique, déjà éclaboussée par des affaires de corruption.

Abdelhamid Zerguine a été limogé le 26 juillet, après 3 ans passés au poste de PDG de Sonatrach. © AFP

Abdelhamid Zerguine a été limogé le 26 juillet, après 3 ans passés au poste de PDG de Sonatrach. © AFP

Publié le 28 juillet 2014 Lecture : 3 minutes.

Abdelhamid Zerguine a été limogé samedi par le président Abdelaziz Bouteflika, après moins de trois ans à la tête de la puissante société publique d’hydrocarbures. Son départ avait été réclamé par le ministre de l’Enegie, Youssef Yousfi, a précisé samedi à l’AFP une source proche du dossier sans en évoquer les raisons. Son remplaçant, Saïd Sahnoun, a pris ses fonctions dimanche. Ancien vice-président du groupe en charge de l’exploration, il n’a cependant été désigné qu’à titre intérimaire.

Jihadistes

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Ce changement n’est pas une surprise. Des rumeurs circulaient depuis janvier 2013 dans la presse sur un limogeage de M. Zerguine, après la prise d’otage massive dans son site de production de gaz de Tiguentourine, dans le Sud algérien. « Le président Bouteflika a préféré surseoir à son limogeage (…) pour éviter qu’une telle décision ne soit interprétée comme un aveu des autorités sur une faillite dans la sécurisation du site » géré conjointement par Sonatrach, le Britannique BP et le Norvégien Statoil, a estimé le quotidien arabophone El Khabar.

Sonatrach assure 60 % du budget de l’État et 97 % des recettes externes de l’Algérie.

Le groupe algérien a lourdement pâti de cette opération menée par des jihadistes venus du Mali, qui qui s’était soldée par la mort d’une quarantaine d’otages de plusieurs nationalités alors que le site était présenté comme ultra-sécurisé. La prise d’otage a provoqué un arrêt momentané de la production dans l’usine d’une capacité de 9 milliards de mètres cubes de gaz par an, et l’activité n’a toujours pas repris à plein régime.

Scandales

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Avec des revenus annuels de 60 milliards de dollars, la Sonatrach assure 60% du budget de l’État et 97% des recettes externes de l’Algérie, pays de 38 millions d’habitants à l’économie très peu diversifiée.  Le groupe a engrangé des recettes de près de 700 milliards de dollars depuis l’arrivée au pouvoir de M. Bouteflika en 1999. Mais il a été secoué ces dernières années par une série de scandales financiers instruits en Algérie et à l’étranger, en particulier en Italie.

Ces scandales ont éclaté en janvier 2010 à la suite du limogeage de Mohamed Meziane après sept ans à la tête de la société. En décembre 2011, il a été condamné en appel deux ans de prison dont un ferme pour malversations. Plusieurs autres anciens dirigeants du groupe pétrolier ont été condamnés dans cette affaire, dont son vice-président Abdelahfidh Feghouli, qui avait été remplacé par Hocine Cherouati en mai 2010, à son tour limogé en novembre 2011 et remplacé par M. Zerguine.

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Cette série de scandales a conduit en 2010 au départ du gouvernement du ministre de l’Énergie, Chakib Khelil, en poste dix ans durant. La justice algérienne a lancé en août 2013 un mandat d’arrêt international contre M. Khelil pour une affaire touchant des marchés accordés par Sonatrach à des firmes étrangères et en particulier à Saipem, filiale du géant italien ENI. Le parquet de Milan a également ouvert une enquête sur ce dossier.

Investissements

Sonatrach, troisième fournisseur de gaz de l’Europe derrière ses concurrents de Russie et de Norvège, prévoit d’investir quelque 100 milliards de dollars d’ici 2018 pour augmenter ses capacités de production et d’exportation. Elle produit actuellement 80 mds de m3 par an, selon des chiffres officiels. L’Algérie ambitionne de doubler cette production dans les dix prochaines années, avait indiqué en janvier M. Yousfi. 

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