Algérie : Bouteflika défend sa candidature, début de la campagne électorale

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a affirmé, à quelques heures du début dimanche de la campagne électorale, que ses ennuis de santé ne l’empêchaient pas de briguer un 4e mandat au scrutin du 17 avril, pour lequel il est donné favori malgré une contestation inédite.

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, à Alger le 8 février 2009. © AFP

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, à Alger le 8 février 2009. © AFP

Publié le 23 mars 2014 Lecture : 3 minutes.

Dès l’annonce de sa candidature le 22 février par le Premier ministre d’alors Abdelmalek Sellal, les manifestations de rue se sont multipliées contre un nouveau quinquennat de M. Bouteflika, et sa capacité à continuer à diriger le pays a provoqué une polémique au sein de la hiérarchie militaire.

Au pouvoir depuis 15 ans, le président sortant, 77 ans, apparaît considérablement amoindri par les suites d’un AVC en avril 2013 qui avait nécessité son hospitalisation à Paris.

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Il s’était finalement exprimé publiquement lors du dépôt de son dossier le 3 mars au Conseil constitutionnel. Il avait alors, d’une voix à peine audible, annoncé sa candidature pour un nouveau quinquennat sous le slogan "Notre serment pour l’Algérie".

Face à la contestation et aux appels à renoncer à un nouveau mandat, M. Bouteflika a adressé samedi soir une lettre aux Algériens, reproduite par l’agence APS, dans laquelle il défend sa candidature.

"Les difficultés liées à ma santé ne semblent pas me disqualifier à vos yeux ou plaider en faveur de ma décharge des lourdes responsabilités qui ont eu raison d’une bonne partie de mes capacités", a-t-il dit. M. Bouteflika a affirmé qu’il ne pouvait que "répondre positivement" aux "appels" lui demandant de se porter candidat et d’expliquer: "je ne suis jamais, ma vie durant, dérobé à aucun devoir au service de ma patrie".

Le 17 avril, il affrontera cinq adversaires mais son principal challenger sera son ancien homme de confiance qui fut aussi son rival à la présidentielle de 2004, Ali Benflis, 69 ans. Cet ex-patron du Front de libération nationale (FLN, au pouvoir) se présente comme "indépendant".

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Campagne par procuration

Quatre autres candidats vont de nouveau tenter leur chance à la magistrature suprême: Louisa Hanoune qui dirige le Parti des Travailleurs (gauche), le président du Front national algérien (nationaliste), Moussa Touati, et le chef d’un parti nationaliste, Ahd (Serment) 54, Ali Fawzi Rebaïne. Enfin le dernier et plus jeune candidat est Abdelaziz Belaid, 50 ans, un ancien du FLN qui a fondé en 2012 le Front El Moustakbel.

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Fait inédit : le favori ne devrait pas participer en personne à la campagne électorale, vu son état de santé. Ce sera M. Sellal, devenu son directeur de campagne, qui donnera le coup d’envoi des 22 jours de campagne en se rendant à Tamanrasset, fief des Touaregs dans le Sahara.

M. Bouteflika sera aussi soutenu dans sa campagne par deux ex-Premiers ministres ramenés au coeur du pouvoir -Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem- et par les ministres Amara Benyounes et Amar Ghoul.

M. Benflis, lui, entraînera ses partisans à Mascara (350 km à l’ouest d’Alger), ville de l’émir Abdelkader, considéré comme le fondateur de l’Etat moderne algérien.

La perspective d’un nouveau mandat pour M. Bouteflika a provoqué une polémique au sein de la hiérarchie militaire, le général à la retraite Hocine Benhadid l’ayant appelé en février à partir "dignement", au nom de plusieurs collègues.

Il s’en est pris particulièrement au frère du président, Saïd Bouteflika, "premier et principal acteur" du clan, ainsi qu’à un autre de ses membres, le chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah accusé de n’avoir "aucune crédibilité".

Manifestations, boycott

La rue n’est pas non plus restée silencieuse. Depuis plus d’un mois, les rassemblements contre un 4e mandat se sont multipliés.

Jusqu’à la semaine dernière, la police dispersait à coups d’interpellations ces manifestations. Elle a changé de tactique et se contente désormais de les encadrer.

Cinq partis d’opposition et l’ex-chef du gouvernement, Ahmed Benbitour ont pour leur part créé une Coordination nationale pour le boycottage du scrutin. Ils ont réuni vendredi des milliers de partisans dans une salle d’Alger.

Enfin, pour la première fois depuis son retrait de la présidence en 1999, Liamine Zeroual, est sorti de son silence en réclamant l’"alternance du pouvoir" et en critiquant la révision de la Constitution qui avait permis à M. Bouteflika de briguer en 2009 un 3e mandat.

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