Procès Bemba : quatre proches arrêtés pour subornation de témoins à la CPI

Quatre proches de l’ex-vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, jugé par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité, ont été arrêtés pour subornation de témoins dans cette affaire, une première dans l’histoire de la CPI.

Jean-Pierre Bemba lors de l’ouverture de son procès à la Hague, le 22 novembre 2010. © AFP

Jean-Pierre Bemba lors de l’ouverture de son procès à la Hague, le 22 novembre 2010. © AFP

Publié le 24 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Président du Mouvement de libération du Congo (MLC), le deuxième parti d’opposition de la République démocratique du Congo, l’ex-rebelle Jean-Pierre Bemba est actuellement jugé à la CPI à La Haye pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre qu’aurait commis sa milice aux début des années 2000 en Centrafrique.

Le député et secrétaire général adjoint du MLC Fidèle Babala Wandu, 57 ans, "a été interpellé à son domicile dans la nuit (de samedi à dimanche) par des éléments de sécurité en exécution d’un mandat d’arrêt de la CPI", a déclaré dimanche Germain Kambinga, porte-parole du MLC. "Il est soupçonné de subornation de témoins dans l’affaire Bemba".

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L’avocat Aimé Kilolo, qui défend M. Bemba, a lui été arrêté à l’aéroport de Bruxelles, alors qu’il revenait de voyage. Lui aussi est accusé d’avoir "influencé dans un sens ou dans un autre des témoins", a précisé M. Kambinga.

Dans un communiqué publié dimanche, la CPI a confirmé l’arrestation, à sa demande, du député et de l’avocat. En outre, "les autorités néerlandaises ont arrêté Jean-Jacques Mangenda Kabongo, tandis que Narcisse Arido a été arrêté par les autorités françaises à la suite des demandes d’arrestation et de remise que leur avait adressées la CPI", selon le communiqué.

La CPI a des "motifs raisonnables de croire" que les quatre suspects auraient "constitué un réseau aux fins de produire des documents faux ou falsifiés et de corrompre certaines personnes afin qu’elles fassent de faux témoignages dans l’affaire concernant M. Bemba".

Des arrestations pour de telles charges sont une première dans une affaire jugée par la CPI. Cependant la Cour a déjà fait part d’inquiétudes concernant des subornations de témoins présumées au Kenya, dont le président Uhuru Kenyatta et le vice-président William Ruto sont poursuivis pour crimes contre l’humanité.

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Les suspects congolais arrêtés en Belgique, aux Pays-Bas et en France "seront remis à la CPI ultérieurement conformément aux procédures judiciaires applicables dans ces trois pays", a souligné la Cour.

Mais d’ores et déjà, "Fidèle Babala Wandu (…) est en cours de transfert à La Haye", a-t-elle annoncé, indiquant que "la date de l’audience de sa première comparution devant la CPI sera annoncée prochainement".

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Dimanche matin, M. Babala était semble-t-il gardé au parquet général de la République de Kinshasa. "Nous n’étions pas du tout au courant de ce mandat. Nous avons tous été surpris, nous sommes sous le choc", a expliqué M. Kambinga.

Alors que certains s’inquiètent de la violation de l’immunité d’un député, le président du Syndicat autonome des magistrats du Congo, Roger Nsambayi Mutenda, a estimé qu’"aucune autorité, quelle qu’elle soit, ne peut bénéficier d’une quelconque immunité ou privilège". "Avec la CPI, si un mandat existe, on l’exécute!"

"Le transfèrement d’un suspect dans une affaire internationale est différent de ce qui se fait dans le droit congolais", a renchéri une source officielle à Kinshasa, qui a requis l’anonymat. "La RDC a coopéré dans le cadre du Statut de Rome (fondateur de la CPI) auquel elle est partie".

M. Bemba est détenu depuis le 3 juillet 2008 à La Haye. Le procès de l’ex-vice-président (2003-2006) s’est ouvert le 22 novembre 2010 pour deux chefs de crimes contre l’humanité (viol et meurtre) et trois chefs de crimes de guerre (viol, meurtre et pillage) qui auraient été commis en République centrafricaine en 2002-2003.

M. Babala Wandu a été directeur de cabinet de Jean-Pierre Bemba lorsque ce dernier était vice-président de la RDC.
Avant les quatre arrestations, cinq Congolais ont eu maille à partir ou se trouvent encore dans les filets de la CPI. Quatre étaient poursuivis pour des faits présumés commis en RDC.
 

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