RDC : manque de transparence autour d’un projet de cession minière ?

La société minière publique congolaise Gécamines a indiqué vendredi qu’elle envisageait de céder une participation de 20% dans une mine de cuivre en République démocratique du Congo (RDC), et ce projet suscite des soupçons de corruption.

Une mine de cuivre à Kolwezi, en RDC. © Gwenn Dubourthoumieu/AFP

Une mine de cuivre à Kolwezi, en RDC. © Gwenn Dubourthoumieu/AFP

Publié le 19 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour le 21/10 à 22h10.

Précision de la Gécamines, suite à la parution de cette dépêche :

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"La Gécamines précise qu’elle détient des parts dans KCC, non dans Katanga Mining, qui est la société cotée et la principale source de financement de KCC. L’évaluation des parts de la Gécamines dans KCC a été faite en respect des pratiques appropriées à l’industrie minière tout en prenant en compte la situation financière spécifique à KCC et l’évolution récente des cours miniers. En effet, aujourd’hui, la dépréciation des titres miniers s’élève à environ 40% d’une année sur l’autre. KCC connaît un niveau d’endettement particulièrement élevé et estimé à plusieurs milliards de dollars et cette dette a drastiquement réduit la valeur économique des parts de la Gécamines."

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"Gécamines confirme qu’un processus d’appel d’offres a été lancé pour la vente de ses actions minoritaires de 20% dans le KCC" (Kamoto Copper Co), indique l’entreprise dans un communiqué.

Située dans le Sud-Est de la RDC, près de la ville de Kolwezi, dans la province du Katanga, cette mine de cuivre est détenue à 75% par le groupe suisse Glencore Xstrata.

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"Le processus est en cours et à ce stade Gécamines peut toujours revenir sur sa décision de vendre sa participation", ajoute le communiqué.

L’entreprise, qui a prévu un plan de relance de son activité nécessitant 2,75 milliards de dollars d’investissements, écrit dans son communiqué que la décision de lancer l’appel d’offres "est conforme à [ses] plans stratégiques de développement et répond à la nécessité de lever les financements nécessaires pour [les] mettre en oeuvre".
Interrogé par l’AFP à propos de ce projet, un conseiller du gouvernement de la RDC a indiqué que les dirigeants de la Gécamines n’avaient pas mis au courant l’exécutif de leur intention, alors que le processus est déjà bien enclenché.

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"Ce qui nous étonne, c’est qu’il ne nous ont pas prévenu", a-t-il dit précisant que le gouvernement avait demandé à la Gécamines des explications et la publication de la liste des entreprises ayant répondu à l’appel d’ofres.

Selon ce conseiller la part de la Gécamine dans Kamoto serait valorisée à 1,4 milliard de dollars, et l’entreprise a cité "le groupe Fleurette de [l’homme d’affaires israélien] Dan Gertler comme faisant partie des quatorze candidats" à l’appel d’offre.

M. Gertler, dont le magazine spécialisé américain Forbes évalue la richesse à 2,2 milliards de dollars, est un proche du chef de l’Etat congolais Joseph Kabila. Il a consolidé sa fortune en achetant des permis miniers en RDC.

Transparence

Le cercle de réflexion Africa Progress Panel, animé par l’ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, a publié un communiqué faisant part de son "inquiéude" à propos de la cession envisagée par la Gécamines et exhortant celle-ci "à assurer une transparence totale".

Dans un rapport publié cette année, Africa Progress Panel a analysé cinq transactions portant sur des ventes de permis miniers à des sociétés extraterritoriales liées au groupe Fleurette. Le rapport indique qu’en moyenne, les permis ont été vendus à un sixième de leur valeur, et que le manque à gagner pour l’Etat congolais a été de 1,36 milliards de dollars entre 2010 et 2012, soit le double du budget public consacré à la santé et à l’éducation en 2012.

L’ONG britannique Global Witness, qui se bat pour la transparence dans le secteur minier a aussi dit son inquiétude.

"S’il est vrai que la Gécamines n’a pas informé l’Etat de la possibilité d’une vente de KCC, c’est extrêmement alarmant", écrit l’organisation dans un communiqué, craignant que la Gécamines ne se révèle être un "trou noir financier au coeur du système minier congolais".

La RDC est dotée de richesses naturelles considérables dont ne profitent pour ainsi dire pas la grande majorité des congolais, qui vivent sous le seuil de pauvreté absolu (1,25 dollar par jour selon la Banque mondiale).

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