Otages français du Sahel : rassemblements et divergences

Mille jours après leur enlèvement, les proches des quatre otages détenus au Sahel se sont rassemblés samedi simultanément dans plusieurs villes de France, au lendemain de la plainte de l’une des familles pour dénoncer de possibles manquements à la sécurité de leur employeur au Niger, une initiative qui divise.

Des proches de l’otage Pierre Legrand manifestent le 1er juin 2013 à Nantes. © AFP

Des proches de l’otage Pierre Legrand manifestent le 1er juin 2013 à Nantes. © AFP

Publié le 22 juin 2013 Lecture : 3 minutes.

Mille jours après leur enlèvement, les proches des quatre otages détenus au Sahel se sont rassemblés samedi simultanément dans plusieurs villes de France, au lendemain de la plainte de l’une des familles pour dénoncer de possibles manquements à la sécurité de leur employeur au Niger, une initiative qui divise. Thierry Dol, Daniel Larribe, Pierre Legrand et Marc Féret ont été enlevés le 16 septembre 2010 au Niger par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

A Saint-Céré (Lot), dont est originaire Daniel Larribe, un millier de personnes se sont réunies devant la mairie de ce village de 3.500 habitants. Claude Larribe, le frère de Daniel, a assuré que la "discrétion" des pouvoirs publics "cachait une profonde inaction". Selon lui, "tous les Etats, même les plus fermes, trouvent toujours, quand ils l’ont décidé, des voies de dialogue et de négociation dans le respect des principes étatiques". "Il faut que le Président de la République le décide vite : il peut et doit le faire", a insisté Claude Larribe.

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"Mille jours, c’est un cap insoutenable mais l’espoir est toujours là de les retrouver vivants", a déclaré Aurélien Pigeat, neveu de Daniel Larribe, parmi les quelque 200 personnes réunies devant l’Hôtel de Ville de Paris. Une telle durée "donne tort à la stratégie du silence".

L’épouse de Daniel Larribe, Françoise, capturée en même temps que lui mais libérée en février 2011, était présente au rassemblement parisien. D’autres se sont tenus à Nîmes (300 personnes), Nantes (plusieurs centaines) et Orléans avec une "chaine de solidarité de 300 personnes.

"silence assourdissant"

Plus tôt dans la matinée, Me Olivier Morice, avocat du père et du frère de Pierre Legrand, Alain et Clément Legrand, avait souligné lors d’une conférence de presse que leur plainte, déposée la veille, constituait une "étape supplémentaire, qui permettra de conduire à la désignation de magistrats instructeurs qui deviendront les interlocuteurs des familles".

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Cette plainte vise à obtenir des informations sur la détention de Pierre Legrand et à dénoncer de possibles manquements à la sécurité d’Areva et d’une filiale de Vinci, son employeur. Elle marque, a souligné Me Morice, l’"exaspération de la famille Legrand face à l’inertie des pouvoirs publics". Lors de la conférence de presse, Alain Legrand a lâché : "Au bout de mille jours, on ne sait rien mais on veut comprendre, on veut savoir la vérité, s’il y a eu des fautes (sur la sécurité, ndlr) et qui a fauté".

Mais ce dépôt de plainte n’a pas fait l’unanimité, même à l’intérieur de la famille. "La priorité est de les sortir, je ne sais pas si cette plainte va aider", disait ainsi lors du rassemblement à Paris Pascale Robert, la mère de Pierre Legrand. A Nantes, René Robert, le grand-père de Pierre Legrand, a lui aussi déclaré: "C’est une démarche que je n’aurais pas faite, parce que la priorité est à la libération des otages".

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Interrogé par l’AFP, Frédéric Cauhapé, beau-frère de Marc Féret, a assuré que les "autres familles sont mobilisées actuellement uniquement pour les ramener", ajoutant : "On verra plus tard pour établir les responsabilités", sans toutefois condamner la démarche de la famille Legrand. Me Morice a concédé qu’il "pouvait y avoir des sensibilités différentes" entre les proches, mais "qu’il y a avait une souffrance très forte des familles par rapport au silence assourdissant" des autorités. "La seule réponse officielle, a-t-il poursuivi, a été de dire qu’aucune rançon ne sera versée".

Le président François Hollande avait expliqué le 19 avril que la France ne versait pas de rançons pour la libération de ses otages, ajoutant que la France "ne cède pas sur les principes" et que "c’est en étant le plus discrets possible que nous pouvons être le plus efficaces".

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