RDC : le procureur de la CPI veut un nouveau procès contre l’ex-milicien Ngudjolo

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a demandé qu’un nouveau procès soit organisé contre l’ancien chef de milice congolais Mathieu Ngudjolo Chui, acquitté en décembre de crimes contre l’humanité et crimes de guerre en République démocratique du Congo, a-t-on appris vendredi auprès du bureau du procureur.

Mathieu Ngudjolo Chui sourit à l’annonce de son acquittement à La Haye le 18 décembre 2012. © AFP

Mathieu Ngudjolo Chui sourit à l’annonce de son acquittement à La Haye le 18 décembre 2012. © AFP

Publié le 6 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

"La seule conclusion raisonnable sur la base des preuves et des éléments de faits présentés est que Ngudjolo était bien le chef des combattants Lendu du groupement Bedu-Ezekere qui a attaqué le village de Bogoro le 24 février 2003", a indiqué le procureur de la CPI, Fatou Bensouda, dans un document daté de mercredi et transmis à l’AFP.

"La chambre de première instance a fait d’importantes erreurs de droit, de faits et de procédure qui ont vicié sa décision", a également assuré le procureur, demandant que l’acquittement de M. Ngudjolo soit annulé et qu’un nouveau procès soit organisé devant une nouvelle chambre de première instance.

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Ancien dirigeant présumé du Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI), une milice congolaise, Mathieu Ngudjolo était accusé d’avoir voulu – en collaboration avec une autre milice – "effacer totalement" la population du village de Bogoro, dans l’Ituri, un district de la province orientale.

Enfants-soldats, viols, et massacres

Selon l’accusation, des combattants des ethnies Lendu et Ngiti du FNI, en collaboration avec des hommes de la Force de résistance patriotique en Ituri (FRPI), une autre milice, avaient attaqué le village et avaient "utilisé des enfants soldats et tué plus de 200 civils en quelques heures, violé des femmes, des filles et des femmes âgées". Le procureur estime notamment que les juges n’ont pas bien appliqué les critères pour évaluer les preuves présentées et qu’ils n’ont pas pris en compte la totalité de ces preuves.

Les juges avaient ainsi conclu qu’un témoin, ancienne enquêtrice de l’ONU ayant témoigné que Mathieu Ngudjolo lui avait avoué avoir commandé l’attaque du village, était crédible sans pour autant tenir compte du présumé aveu de l’ancien chef de milice, selon la même source.

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Les juges avaient estimé en décembre que les preuves présentées par l’accusation n’étaient pas suffisantes pour prouver le rôle de chef de Mathieu Ngudjolo Chui et que les trois témoins clés du procureur n’étaient pas crédibles.

Premier acquittement de la CPI

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L’ancien chef de milice avait été libéré et avait en février demandé l’asile aux Pays-Bas, avant d’être placé dans un centre pour demandeurs d’asile. Le procès de M. Ngudjolo s’était tenu en commun avec celui d’un chef de milice présumé des FRPI, Germain Katanga, mais les affaires avaient été disjointes en novembre et le jugement contre cet autre chef de milice sera rendu en 2013.

La décision de libérer Mathieu Ngudjolo était le premier acquittement prononcé par la Cour, qui n’a à ce jour mené qu’un seul autre procès à terme, celui du chef de l’Union des patriotes congolais (UPC) de Thomas Lubanga, une milice ennemie de celle de Mathieu Ngudjolo Chui. M. Lubanga avait été condamné à 14 ans de prison.

Les affrontements inter-ethniques entre milices qui se disputaient les terres de cette région riche en ressources naturelles, dont l’or et le pétrole, avaient débuté en 1999 et ont, selon l’accusation, "dévasté" la zone. Selon les ONG, ces violences ont fait plus de 60.000 morts.

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