Soudans : Kiir rencontre Béchir

Le président sud-soudanais Salva Kiir a demandé vendredi au Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) de faire appliquer les accords signés avec Khartoum, qu’il a accusé de bloquer leur mise en oeuvre, après un nouvel entretien avec son homologue soudanais à Addis Abeba.

Salva Kiir et Omar el-Béchir, en octobre 2011 à Khartoum. © AFP

Salva Kiir et Omar el-Béchir, en octobre 2011 à Khartoum. © AFP

Publié le 26 janvier 2013 Lecture : 3 minutes.

Le président sud-soudanais Salva Kiir a demandé vendredi au Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) de faire appliquer les accords signés avec Khartoum, qu’il a accusé de bloquer leur mise en oeuvre, après un nouvel entretien avec son homologue soudanais à Addis Abeba. Salva Kiir et Omar el-Béchir s’étaient auparavant rencontrés pour la troisième fois depuis septembre dans la capitale éthiopienne pour tenter de régler les différends subsistant entre leurs pays et d’amorcer la mise en oeuvre, toujours au point mort, d’accords signés en septembre.

Devant le CPS, le président sud-soudanais a accusé Khartoum d’être responsable du blocage et appelé ses membres à faire respecter les décisions prises, selon le script de son discours, au ton dur, mis à disposition de la presse. La position exprimée par M. Béchir devant le CPS n’a pas été rendue publique.

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"Nous avons respecté notre part des accords. Pas le Soudan", a déclaré M. Kiir, "pour qu’il y ait des progrès, le cycle de négociations ne doit pas se poursuivre indéfiniment. Nous devons passer des discours à l’action". Il a notamment accusé le Soudan d’avoir posé de nouvelles conditions pour empêcher la reprise – prévue par les accords de septembre – du passage du pétrole sud-soudanais dans les oléoducs du Nord, qui seuls permettent l’exportation du brut du Soudan du Sud, enclavé, vers les terminaux de la mer Rouge.

Il a également estimé que le différend sur la zone contestée d’Abyei, point de discorde majeur entre les deux pays, "ne nécessite plus d’autres négociations mais l’adoption et la mise en oeuvre rapide de la proposition" élaborée par la médiation "pour le statut final d’Abyei".

Dans un communiqué publié à l’issue de sa réunion, le CPS s’est dit préoccupé par les "divergences" subsistant entre les deux Soudans et "face à l’absence persistante de mise en oeuvre" des accords conclus en septembre. Le Conseil a accusé les deux pays de "conditionner la mise en oeuvre de certains accords sur lesquels leur convergence est totale au règlement de divergences d’interprétation sur d’autres accords".

Le commissaire de l’UA à la Paix et la Sécurité, Ramtane Lamamra, avait dit "espérer des avancées" de cette nouvelle rencontre. "Les avancées peuvent être décisives, elles peuvent être modestes", avait-il reconnu. "L’important c’est de garder le cap puisque chaque fois que les deux chefs d’Etat se sont rencontrés ici à Addis Abeba, il y a eu une décrispation (…) des arbitrages positifs qui ont eu pour effet de donner une chance à la progression des négociations", a-t-il souligné.

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"Il faut de la patience, il faut de la persévérance", a-t-il estimé. Interrogé par l’AFP sur le déroulement de son entretien avec Omar el-Béchir, Salva Kiir a simplement répondu: "nous n’avons pas encore terminé".

Selon un membre de la délégation sud-soudanaise, les deux dirigeants devaient discuter de "toutes les questions encore en suspens" depuis "l’Accord de paix global" signé par Juba et Khartoum en 2005, qui a mis fin à des décennies de guerre civile et a débouché en 2011 sur l’indépendance du Soudan du Sud. Mais de nombreuses questions laissées en suspens – tracé de la frontière commune, partage de la manne pétrolière ou statut d’Abyei – continuent d’empoisonner les relations entre les deux pays, et les a conduits au bord de la guerre au printemps 2012.

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"Neuf accords ont été signés et il y a une proposition sur Abyei, qui règle tous les problèmes", a estimé vendredi soir le négociateur en chef sud-soudanais, Pagan Amum. Mais le Soudan "crée de nouveaux obstacles, de nouvelles pré-conditions, c’est la seule chose qui empêche la mise en oeuvre" des accords signés, a-t-il affirmé.
 

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