Algérie : dénouement sanglant de la prise d’otages

Sept étrangers retenus par un groupe islamiste ont été tués sur un site gazier pris d’assaut par l’armée algérienne qui a mis fin samedi à quatre jours d’une prise d’otages spectaculaire dans le Sahara algérien.

Vue satellite du site gazier d’In Amenas, en Algérie, le 18 janvier 2013. © AFP

Vue satellite du site gazier d’In Amenas, en Algérie, le 18 janvier 2013. © AFP

Publié le 19 janvier 2013 Lecture : 4 minutes.

Les circonstances exactes dans lesquelles les derniers otages sont morts n’étaient pas claires dans l’immédiat, mais la télévision d’Etat algérienne a affirmé qu’ils ont été "exécutés" par leurs ravisseurs en représailles à l’assaut final lancé par les forces spéciales.

Le groupe islamiste avait fait état la veille de trois Belges, deux Américains, un Japonais et un Britannique encore entre ses mains. La Belgique a toutefois indiqué ne disposer d’aucun indice sur la présence de Belges parmi les otages.

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Depuis le début de l’opération algérienne jeudi contre le site où ont été retenus depuis mercredi en otages des centaines d’algériens et des dizaines étrangers notamment occidentaux, la majorité des otages ont réussi à fuir, d’autres ont été blessés ou sont morts.

Aucun chiffre global précis n’a pu être fourni sur le nombre exact des otages ou ceux qui ont péri sur le site gazier d’In Aménas, où le groupe islamiste a lancé son attaque en représailles entre autres à l’intervention militaire française au Mali voisin. Le nombre global de ravisseurs était également inconnu.

Mais selon une source sécuritaire, qui donne un premier bilan établi à la suite de l’assaut final, "il y a eu entre 25 et 27 otages étrangers et algériens tués" depuis mercredi.
L’assaut final a été donné en milieu de matinée. "L’armée algérienne a abattu 11 terroristes et le groupe terroriste a assassiné sept otages étrangers", a précisé la télévision algérienne.

Un porte-parole des "Signataires par le sang", groupe jihadiste dirigé par l’Algérien Mokhtar Belmokhtar qui a revendiqué la pris d’otages, avait affirmé plus tôt à l’Agence mauritanienne Nouakchott d’Information (ANI) que "sept otages" étrangers étaient retenus dans l’usine de gaz du site.

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Les Etats-Unis et le Japon, dont des ressortissants figuraient parmi les otages, avaient lancé auparavant un avertissement à l’Algérie pour qu’elle préserve la vie des captifs, alors que le Conseil de sécurité de l’ONU condamnait "dans les termes les plus vifs l’attaque terroriste".

Etrangers disparus

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Vendredi, la source sécuritaire avait indiqué que 18 ravisseurs avaient été tués, et une centaine d’otages étrangers -sur 132- libérés, ainsi que 573 employés algériens du complexe gazier d’In Amenas (1.300 km au sud-est d’Alger).

Washington avait annoncé la mort d’un Américain et Paris avait fait état d’un Français tué précisant qu’aucun de ses ressortissants n’était détenu.

Selon la chaîne de télévision NBC News, le sort de deux Américains demeurait inconnu. Tokyo était par ailleurs sans nouvelles de dix de ses ressortissants.

Six Norvégiens sont portés manquants, selon le groupe pétrolier Statoil qui gère le site avec l’Algérien Sonatrach et le Britannique BP.

Le photographe de l’AFP a vu passer samedi un camion à bord duquel se trouvaient cinq cercueils qui se dirigeait vers l’hôpital d’In Aménas, où sont soignés les blessés. Des hélicoptères survolaient le site par intermittence.

D’après les sources jihadistes citées par ANI, le commando était dirigé par Abdelrahmane, dit "le Nigérien", qui détenait les sept étrangers, et était composé d’une quarantaine de personnes originaires d’Algérie, d’Egypte, du Niger, du Tchad, de la Mauritanie, du Mali et du Canada qui se seraient infiltrés en Algérie depuis le Niger.

Selon ces sources, Belmokhtar proposait "à la France et à l’Algérie de négocier pour l’arrêt de la guerre livrée par la France" au Mali.

Il voulait aussi "échanger les otages américains détenus par son groupe" contre un Egyptien, Omar Abdel-Rahman, et une Pakistanaise, Aafia Siddiqui, emprisonnés aux Etats-Unis pour des accusations liées au terrorisme, une exigence rejetée par Washington.

"Enveloppés d’explosifs"

Les témoignages d’otages rescapés se sont multipliés. L’épouse d’un employé philippin blessé, Ruben Andrada, raconte que les otages avaient été enveloppés d’explosifs et installés dans des camions piégés.

"Ils lui ont mis une bombe sur lui, comme un collier", a affirmé Edelyn Andrada à une radio de Manille. "Heureusement, la bombe installée dans le camion n’a pas fonctionné. Les bombes dans les autres véhicules ont été déclenchées et des gens sont morts", a-t-elle ajouté.

Un autre rescapé, Jojo Balmaceda, employé par BP, a raconté avoir été, ainsi que trois autres Philippins, ligoté puis jeté dans un camion avec d’autres otages japonais et malaisiens, selon la chaîne philippine GMA.

Face aux critiques étrangères sur la façon dont a été mené l’assaut algérien, une source gouvernementale a estimé que l’opération, menée dans des conditions "extrêmement complexes", avait évité un "véritable désastre", faisant état d’un groupe doté d’un arsenal de guerre constitué de missiles, lance-roquettes, grenades, fusils-mitrailleurs et fusils d’assaut.

"Toute hésitation est interdite lorsque l’avenir de la nation est en jeu ou menacé", a dit un ancien officier de l’armée Mohamed Khlefaoui au quotidien El Watan.
 

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