La Centrafrique dans l’attente d’un Premier ministre d’Union nationale

La Centrafrique attendait toujours dimanche soir la nomination d’un Premier ministre de gouvernement d’union nationale conformément à l’accord de Libreville, car, si l’opposition a choisi l’avocat Nicolas Tiangaye, le camp présidentiel affirme n’avoir pas reçu la proposition des rebelles.

L’opposant et avocat Nicolas Tiangaye répond à la presse à Bangui, le 7 janvier 2013. © AFP

L’opposant et avocat Nicolas Tiangaye répond à la presse à Bangui, le 7 janvier 2013. © AFP

Publié le 14 janvier 2013 Lecture : 2 minutes.

"J’ai été désigné à l’unanimité par mes pairs. Nous avons envoyé le courrier avec mon nom au président de la République (François Bozizé) samedi à 18H00 (17H00 GMT) et nous attendons donc ma nomination", a affirmé à l’AFP dimanche Me Tiangaye.

L’accord de sortie de crise signé vendredi à Libreville prévoit "un nouveau Premier ministre issu de l’opposition. Le texte prévoit aussi que Bozizé restera en place jusqu’à la fin de son mandat en 2016 mais qu’il ne "pourra pas révoquer" le nouveau Premier ministre pendant la période de transition de 12 mois.

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Toutefois, "le président ne veut pas être accusé de ne pas respecter les accords de Libreville. Il a reçu la proposition de l’opposition" démocratique (opposition politique), a affirmé à l’AFP Josué Binoua le ministre de l’Administration territoriale du gouvernement démis samedi.

"Mais il y a deux oppositions. Il y a aussi l’opposition des rebelles (du Séléka). Et le président attend un écrit de leur part pour connaître leur proposition, et ensuite soumettre tout cela au comité de suivi", présidé par le chef d’Etat congolais Denis Sassou Nguesso, a ajouté M. Binoua.

De sources proches, l’alliance rebelle Séléka, qui a entamé son offensive le 10 décembre et provoqué le bouleversement politique à venir dans le pays, réclame le poste de la Défense, et certaines composantes du mouvement qui a souvent montré des dissensions internes, remettent même en cause l’accord de paix.

"Grande cuisine"

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S’il est nommé, Me Tiangaye aura la difficile tâche de former un gouvernement où devront figurer à la fois des membres de l’opposition et du pouvoir mais aussi de la rébellion Séléka, de la société civile, ainsi que d’ex-rebelles ayant signé auparavant des accords de paix.

"La grande cuisine va commencer. Chacun va essayer d’avoir le plus de postes possibles", a commenté un membre de l’opposition sous couvert de l’anonymat.

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"Il ne faut pas que ce soit purement politique. Etant donné la tache à accomplir, il faut un gouvernement qui soit composé de toutes les parties mais aussi un niveau technique de compétence et de gens intègres", a souligné l’ambassadeur de l’Union européenne, Guy Samzun.

Du côté du pouvoir, "Le président a son mot à dire", a rappelé M. Binoua.

"Une lutte d’influence va avoir lieu", analyse un observateur, "Bozizé va tout faire pour savonner la planche du gouvernement. Actuellement, il est dans un creux mais c’est un battant et il va se reprendre. C’est un roublard et il sait mettre en place des stratégies".

Bozizé a d’ailleurs mobilisé ses troupes en réunissant dans l’après-midi 3 à 4.000 partisans au stade de Bangui.

"C’est la paix, nous sommes heureux. Nous allons changer de gouvernement,les rebelles vont repartir et nous allons enfin pouvoir exploiter nos richesses. Le président Bozizé a bien géré", a estimé Arsène Mandja, 19 ans élève de Terminale.

Ancien président de la ligue centrafricaine des droits de l’Homme, Me Tiangaye a notamment défendu l’ex-empereur Bokassa en 1986-1987 mais aussi… François Bozizé, accusé d’un complot sous le régime d’Ange-Félix Patassé en 1989.

Il a été président du Conseil national de transition (CNT, parlement de transition) en 2003 après la prise de pouvoir de Bozizé et a surtout été un des principaux rédacteurs de la Constitution adoptée en 2004.

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