Soudan du Sud : Juba accuse Khartoum de bombardements et cesse les négociations

Le Soudan du Sud a accusé samedi le Soudan d’avoir de nouveau bombardé son territoire, et jugé impossible, malgré la récente poignée de main des présidents soudanais, Omar el-Béchir, et sud-soudanais, Salva Kiir, de poursuivre les négociations « bilatérales directes » avec Khartoum.

Salva Kiir et Omar el-Béchir, en octobre 2011 à Khartoum. © AFP

Salva Kiir et Omar el-Béchir, en octobre 2011 à Khartoum. © AFP

Publié le 21 juillet 2012 Lecture : 3 minutes.

Les pourparlers se poursuivent toutefois, mais sous la médiation de l’Union africaine (UA), dans la capitale éthiopienne Addis Abeba.

« Il y a eu des bombardements hier (vendredi) matin à 03H25 dans un endroit appelé Rubaker, dans (l’Etat) du Bahr-El-Ghazal-Nord », a affirmé Philip Aguer, porte-parole de l’armée sud-soudanais, à l’AFP.

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Selon lui, huit bombes ont été larguées par des avions, de fabrication russe, Antonov de l’armée soudanaise. « Deux civils ont été blessés — un homme et une femme. Ils dormaient dans leur maison dans les villages de Wuer Kil et Wuer Puech. »

Le Soudan a immédiatement nié toute agression du Soudan du Sud, affirmant que des rebelles du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), actifs au Darfour, avait essayé d’attaquer le Soudan en passant par le Soudan du Sud et que l’armée soudanaise avait « répondu, mais à l’intérieur du Soudan ».

L’armée soudanaise « n’a pas violé le territoire sud-soudanais », a affirmé Omar Dahab, un membre de la délégation soudanaise dans les négociations, cité par l’agence officielle soudanaise Suna.

« Nous n’avons pas d’autre choix que de suspendre nos pourparlers bilatéraux directs avec le Soudan », a cependant déclaré le porte-parole de la délégation sud-soudanaise, Atif Kiir. « Nous ne pouvons pas nous asseoir avec eux pour négocier pendant qu’ils bombardent notre territoire », a-t-il poursuivi depuis Addis Abeba.

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Fragiles négociations

Selon lui, les délégations devaient bien rejoindre Addis samedi, pour une reprise des discussions dimanche. Mais ces discussions se feront via un médiateur. « Les seules négociations qui se feront maintenant, se feront via le panel » de l’UA, a-t-il-dit, estimant que la poignée de main, dimanche au dernier sommet de l’UA, des présidents Béchir et Kiir n’avait « pas d’écho ».

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La veille de cette poignée de main, les deux présidents s’étaient aussi rencontrés pour leur première discussion directe depuis les combats frontaliers qui ont mis leur pays au bord d’une guerre ouverte en mars et avril derniers. « Ils se sont rencontrés (…) et ça a été un bon entretien », avait alors déclaré le négociateur en chef du Soudan du Sud, Pagan Amum.

Le négociateur soudanais a assuré samedi que la délégation de Khartoum était « prête à continuer les négociations directes avec la délégation sud-soudanaise ».

Mais Juba soupçonne malgré tout certains à Khartoum de vouloir faire dérailler les fragiles négociations.

« La dernière fois qu’ils ont voulu interrompre les négociations à Addis Abeba, ils nous ont bombardé (…) c’était le 26 mars », a relevé M. Aguer.

« Il y a des gens qui ne veulent pas des pourparlers au sein du régime de Khartoum — c’est pour cela qu’ils nous bombardent », a renchéri le ministre sud-soudanais de la Communication, Barnaba Marial Benjamin.

Des décennies de guerre civile

Juba et Khartoum se sont livrés des décennies de guerre civile dans le passé, qui ont fait des millions de morts.

L’escalade de violences fin mars avait entraîné, début avril, une rupture des négociations destinées à résoudre les différends jamais réglés entre le Nord et le Sud malgré l’accès à l’indépendance de Juba en juillet 2011. Elles avaient laborieusement repris fin mai.

Parmi les principaux points de désaccord entre les deux capitales figurent la démarcation de la frontière commune et le partage de la manne pétrolière du Soudan d’avant partition. Le Sud a hérité des trois quarts des réserves de brut mais reste tributaire des infrastructures du Nord pour exporter et Juba et Khartoum ne parviennent pas à s’entendre sur les droits de passage.

Les deux parties s’accusent aussi chacune de soutenir une rébellion sur le sol de l’autre.

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