L’Afrique du Sud en passe de sauver ses bébés du sida

Dans le principal hôpital de Soweto, Nandi serre sa petite fille dans ses bras. Elle est séropositive, mais l’enfant a été épargnée, grâce à un programme gouvernemental qui a permis de réduire de façon spectaculaire la transmission du VIH de la mère à l’enfant.

Test de dépistage du sida en Afrique du Sud. © AFP

Test de dépistage du sida en Afrique du Sud. © AFP

Publié le 30 mai 2012 Lecture : 3 minutes.

Dans le principal hôpital de Soweto, Nandi serre sa petite fille dans ses bras. Elle est séropositive, mais l’enfant a été épargnée, grâce à un programme gouvernemental qui a permis de réduire de façon spectaculaire la transmission du VIH de la mère à l’enfant.

"Oui, mon bébé va très bien. Elle joue gentiment, elle va bien!", se réjouit cette maman de 32 ans (dont le nom a été changé) venue pour un contrôle de routine.

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Le Programme de prévention de la transmission de la mère à l’enfant (PMTCT), lancé en 2002, a sauvé jusqu’à 70.000 bébés par an, un succès dans un pays où près de 6 millions de personnes vivent avec le VIH. "Chaque femme enceinte est systématiquement soumise à un test de dépistage", explique la pédiatre Avi Violari à l’hôpital Chris Hani Baragwanath de Soweto. "Si elle est infectée par le VIH, alors nous l’aidons beaucoup et nous lui proposons un traitement pendant la grossesse", dit-elle.

En fonction de la progression du virus dans l’organisme, la future maman reçoit des antirétroviraux (ARV) pendant la grossesse et après la naissance, et parfois aussi une dose supplémentaire pendant l’accouchement.

Les médicaments réduisent la charge virale dans son corps, de sorte que le nourrisson a moins de risque de contracter le virus par l’exposition à des fluides corporels pendant l’accouchement ou l’allaitement. Le nouveau-né reçoit également quelques gouttes de sirop d’ARV après la naissance, un coup de pouce pour combattre l’infection.

Si l’Afrique du Sud peut maintenant se targuer de fournir des ARV à 1,3 million de personnes, le pays refusait autrefois de fournir des médicaments aux femmes enceintes séropositives, jusqu’à ce que la justice force le gouvernement à le faire gratuitement en 2002.

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Ce qui fait toute la différence dans un pays où 39% de la population vit sous un seuil de pauvreté fixé à 419 rands (40 euros) par personne et par mois. Un tiers des nouveau-nés sud-africains naissaient contaminés au VIH par leur mère au début des années 2000. Le taux d’infection est désormais tombé sous les 4%, selon des chiffres publiés l’an dernier.

L’Afrique du Sud en pointe

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"C’est spectaculaire, la façon dont les taux de transmission sont descendus. Vraiment spectaculaire!", s’exclame Theresa Rossouw, spécialiste du VIH à l’université de Pretoria. "Le programme de PMTCT est un fleuron du gouvernement sud-africain. Ils peuvent dire qu’ils sont en pointe", renchérit Thapelo Maotoe, un médecin travaillant pour l’agence américaine USAID. Washington a fortement aidé, en apportant 3,3 milliards de dollars à la lutte contre le sida en Afrique du Sud ces huit dernières années.

Ces résultats sont encourageants dans un pays où un bébé séropositif sur deux ne soufflera pas sa cinquième bougie. Reste que le traitement ne marche pas à tous les coups. Lindiwe, 22 ans, a deux enfants. Le plus jeune est né séronégatif, mais son frère aîné Siyabonga, âgé maintenant de trois ans, a hérité du virus en dépit des médicaments.

"Siyabonga n’aura pas une vie meilleure, car il va grandir avec ce virus. Et il est encore si petit. C’est douloureux", se désole la jeune mère, qui vit dans une baraque de tôle ondulée dans un bidonville de Soweto. Ni elle, ni son mari n’ont un emploi. "Et les enfants sont susceptibles de développer une résistance aux ARV qu’ont pris leurs mères. Mais les avantages du traitement sont considérablement plus élevés que les inconvénients", juge Theresa Rossouw.

En outre, les bébés sont encore exposés au virus par le lait que leur donnent leurs mères. L’Afrique du Sud prône en effet l’allaitement maternel pour remplacer le lait en poudre depuis 2010. "Cela signifie qu’il y a davantage de risques que les enfants attrapent le VIH, mais le lait les protège mieux contre des affections mortelles comme la diarrhée", souligne Theresa.

"Nous savons qu’il y aura plus d’infections, mais il y aura aussi plus d’enfants qui survivront."

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