Maroc : sit-in de femmes devant le parlement après suicide d’une adolescente violée

Aux cris de « Nous sommes des Amina », « Halte aux violences contre les femmes », et « Abrogez la loi », quelque deux cents femmes étaient rassemblées samedi après-midi devant le parlement, après le suicide d’une adolescente contrainte d’épouser son violeur, a constaté l’AFP.

Manifestantes devant la cour locale qui a approuvé le mariage, le 15 mars 2012 à Larache. © AFP

Manifestantes devant la cour locale qui a approuvé le mariage, le 15 mars 2012 à Larache. © AFP

Publié le 17 mars 2012 Lecture : 2 minutes.

Aux cris de "Nous sommes des Amina", "Halte aux violences contre les femmes", et "Abrogez la loi", quelque deux cents femmes étaient rassemblées samedi après-midi devant le parlement, après le suicide d’une adolescente contrainte d’épouser son violeur, a constaté l’AFP.

En majorité militantes de diverses associations des droits de la femme, rassemblées à l’appel de Woman-Shoufouch –un groupe anti-harcèlement –, les manifestantes tenaient des banderoles réclamant l’abrogation ou la refonte d’un article du code pénal qui punit le violeur d’emprisonnement si la victime est mineure, sauf en cas de mariage. En cas de mariage, consenti par les parents de la fille violée, l’agresseur n’est plus poursuivi par la justice.

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Face au parlement, des militantes tenaient une large banderole sur la laquelle était inscrit en arabe, amazigue (berbère) et français: "Dignité de la femme. Mettre fin au harcèlement sexuel". "Amina martyre", "La loi m’a tuer", "Mettons fin au mariage des mineures", pouvait-on lire sur des pancartes tenues par des militantes de plusieurs associations féminines, rassemblées sous la houlette de la Fédération de la ligue démocratique des droits des femmes.

"Amina et les autres, victimes de l’article 475 du code pénal", lisait-on sur une banderole d’Anaruz, mot berbère qui signifie espoir. Anaruz est un mouvement d’écoute des victimes d’agressions sexuelles qui travaille en coordination avec l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM). "En 2008, le gouvernement avait déposé un projet, qui est resté lettre morte, pour réclamer la réfonte du code pénal en vue de mettre fin à la discrimination et à la violence", a indiqué à l’AFP Houda Bouzil, présidente du bureau de Rabat de l’ADFM.

Un électrochoc au Maroc

Le suicide le 10 mars d’Amina el Filali, 16 ans, contrainte d’épouser l’homme qui l’avait violée, a fait l’effet d’un électrochoc au Maroc où se sont multipliés les appels à la réforme d’une loi qui bénéficie le plus souvent plus au violeur qu’à sa victime. Ce drame continue de susciter diverses réactions dans le pays, y compris au sein du gouvernement qui a promis un réexamen de la loi.

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"Je ne connais pas Amina, mais j’imagine le nombre colossal de ces +Aminas+ qui vivent, ou ont vécu, parmi nous", écrit le journal Al Sabah (Le matin, indépendant) dans un long éditorial. "C’est la loi, une règle sociale absurde, grotesque, que celle qui veut remédier à un mal, le viol, par un autre encore plus répugnant, les épousailles avec le violeur (…) Qui punissons-nous au final, la victime ou son bourreau?", écrit-il.

L’article controversé du code pénal stipule que quiconque, sans violences ou menaces enlève ou détourne un mineur de moins de dix-huit ans, est puni d’un à cinq ans d’emprisonnement, et d’une amende de 200 à 500 dirhams (18 à 45 euros). Lorsqu’une mineure a épousé son ravisseur, celui-ci ne peut être poursuivi que sur la plainte des personnes ayant qualité pour demander l’annulation du mariage et ne peut être condamné qu’après que cette annulation du mariage a été prononcée.

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Par ailleurs, l’article 20 du code de la famille prévoit que la décision du juge autorisant le mariage d’un mineur –comme cela a été le cas dans cette affaire –n’est susceptible d’aucun recours. L’époux de l’adolescente a été entendu par la police, après le suicide de sa femme qui a absorbé de la mort aux rats, et laissé en liberté.

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