Mort d’otages français au Niger : la famille de Vincent Delory veut élargir l’enquête

La famille de Vincent Delory, mort au Niger en janvier 2011, veut qu’on élargisse le champ de l’enquête pour déterminer les circonstances du décès de l’otage, alors qu’un témoignage affirme qu’il est mort carbonisé dans l’incendie du 4×4 dans lequel il était prisonnier.

Me Franck Berton et Annabelle Delory la soeur de Vincent Delory, le 24 mars 2011. © Philippe Huguen/AFP

Me Franck Berton et Annabelle Delory la soeur de Vincent Delory, le 24 mars 2011. © Philippe Huguen/AFP

Publié le 7 janvier 2012 Lecture : 3 minutes.

La famille de Vincent Delory, mort au Niger en janvier 2011, veut qu’on élargisse le champ de l’enquête pour déterminer les circonstances du décès de l’otage, alors qu’un témoignage affirme qu’il est mort carbonisé dans l’incendie du 4×4 dans lequel il était prisonnier. Réagissant à ce témoignage, Frank Berton, l’avocat de la famille Delory, a indiqué vendredi que c’est une "version qui vient conforter l’idée que nous avions nous que c’étaient les tirs de l’armée française qui avaient mis le feu au 4×4", a-t-il expliqué à l’AFP.

Mohamed al-Amine ould Mohamedou ould M’Balle, alias Mouawiya, 22 ans, a été interrogé le 30 novembre dans sa prison de Nouakchott (Mauritanie) par le juge anti-terroriste français Yves Jannier, relate le quotidien Libération vendredi. Membre d’Aqmi, il n’a toutefois pas participé à l’enlèvement des deux Français mais affirme avoir entendu le récit quelques heures plus tard par des membres du commando jihadiste qui ont survécu à l’attaque des forces spéciales françaises tentant de libérer les deux otages.

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Selon Mouawiya, un des ravisseurs, surnommé Fayçal al-Jazaïri, avait abattu Antoine de Léocour de plusieurs balles de kalachnikov parce qu’il le retardait dans sa fuite à pied dans le désert, juste après l’attaque par les commandos français. Il assure que Vincent Delory a péri brûlé dans le 4×4, qui transportait de l’essence, à la suite des tirs qui l’ont touché. Les membres du commando de ravisseurs ont assuré après l’opération n’avoir pas exécuté ce deuxième otage.

"La réelle question est de savoir pourquoi on n’a pas préservé ce 4×4 plutôt que d’y mettre le feu alors qu’on savait qu’à l’intérieur (…) il y avait" Vincent Delory ? s’interroge Frank Berton. "Je veux qu’on entende les militaires qui ont tiré", ajoute l’avocat, précisant qu’il allait demander la semaine prochaine un réquisitoire supplétif au parquet de Paris pour que les juges d’instruction soient saisis des chefs d’homicide involontaire "pour étendre leur saisine et qu’ils puissent déterminer qui et par quels tirs a-t-on mis le feu au 4×4 avec Delory à l’intérieur".

Zones d’ombres

Devant le juge, le général Frédéric Beth, commandant du Commandement des opérations spéciales (COS), a assuré être "dans l’incapacité d’apporter des précisions sur l’embrasement du véhicule", selon Libération, qui s’est également procuré le PV de son audition. Me Berton réclame en outre la totalité de l’enregistrement de l’opération, filmée par un avion de surveillance. Le film a été amputé d’une minute, celle au cours de laquelle le 4×4 prend feu. Le ministère de la Défense a indiqué, le 9 décembre dans une lettre, que cette coupe avait pour but de "ne pas révéler (…) certains détails opérationnels".

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Pour Annabelle Delory, la soeur de Vincent, le témoignage et les éléments recueillis par la famille soulèvent de nombreuses questions. "On nous a dit l’année dernière que la priorité était de préserver la vie des otages, aujourd’hui avec les éléments qu’on a, ça nous paraît très très difficile à admettre", a-t-elle déclaré à l’AFP.

La famille Delory accuse les forces françaises d’avoir ouvert le feu sur le véhicule dans lequel il se trouvait, provoquant sa mort. Lors d’un entretien au ministère de la Défense en juillet, un colonel a expliqué que les commandos intervenus au sol ne portaient pas de gilets pare-balles, a rapporté Annabelle Delory. "Quand des hommes au sol ne sont pas protégés, ils ne vont pas aller se faire fusiller s’ils ne sont pas équipés pour. C’est aussi ce qui nous fait dire que le but n’était pas de protéger la vie des otages", a-t-elle expliqué.

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Un hommage est prévu ce dimanche à Linselles à la mémoire d’Antoine de Léocour et Vincent Delory, au cours duquel une stèle devrait être inaugurée.
 

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