Libye : les forces du nouveau régime progressent dans Syrte

Les forces du nouveau régime en Libye ont progressé samedi dans Syrte, bravant les tirs des forces loyalistes qu’elles tentaient de prendre en étau, dans un assaut « surprise » sur un des derniers bastions de l’ex-dirigeant déchu Mouammar Kadhafi.

Des combattants du CNT tirent sur des positions de partisans de Kadhafi à Syrte, le 24 septembre. © AFP

Des combattants du CNT tirent sur des positions de partisans de Kadhafi à Syrte, le 24 septembre. © AFP

Publié le 24 septembre 2011 Lecture : 4 minutes.

Parallèlement, le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, a annoncé, à l’issue une réunion à Benghazi (est), que la composition du gouvernement transitoire serait annoncée "la semaine prochaine".

Sur le terrain, après quatre jours de relative accalmie, les forces pro-CNT ont lancé samedi un nouvel assaut sur Syrte, fief pro-Kadhafi à 360 km à l’est de Tripoli.

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"Nous n’avons jamais été aussi loin"

"L’ordre (de lancer l’assaut sur Syrte) est venu par surprise après une réunion hier soir (vendredi) de tous les commandants", a déclaré à l’AFP le commandant Mohammed al-Aswawi qui coordonne les opérations des unités sur le front.

"Nous n’avons jamais été aussi loin dans la ville", a-t-il dit, ajoutant que la ligne de front avait progressé de quatre à cinq kilomètres dans la ville et que l’objectif était de prendre en étau les forces pro-Kadhafi avec les combattants positionnés au sud de la ville.

A Bruxelles, l’Otan a annoncé avoir frappé au cours des dernières 24 heures des cibles "utilisées par les forces de Kadhafi pour menacer la population civile de Syrte", notamment un dépôt d’armement, un canon antiaérien, un centre de commandement et deux véhicules armés.

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Le conseil militaire du CNT à Misrata a également indiqué que des combattants qui avaient participé mercredi à la "libération de Djofra", une oasis située à à 300 km au sud de Syrte, arrivaient en renfort sur le front sud de la ville.

Un autre commandant des forces pro-CNT, Oussama Muttawa Swehly, a indiqué que les combattants progressaient aussi depuis la route côtière, à l’ouest de Syrte et qu’un des fils de Mouammar Kadhafi, Mouatassim, se trouvait dans la ville. "Nous l’avons entendu donner des ordres à la radio", a-t-il dit.

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Les combattants ont également avancé à l’est de la ville. "Nos troupes ont progressé de sept kilomètres au niveau de la porte est. Il y a eu des combats, parfois violents, avec les forces de Kadhafi", a indiqué à l’AFP le commandant, Mohammed al-Marimi.

Au moins six morts côté CNT

Au cours de l’assaut, au moins six combattants pro-CNT ont été tués et 135 autres blessés, en majorité par des tirs de grenades et de tireurs embusqués, selon des sources médicales.

Ali Mohammed Wada, un combattant blessé par des éclats d’obus et soigné dans une mosquée qui fait office d’hôpital de campagne à l’ouest de Syrte, a fait état de combats violents dans la ville, affirmant que les combattants fidèles au dirigeant en fuite tiraient au lance-roquettes et utilisaient des grenades.

Concernant les habitants, "parmi les informations provenant de Syrte, (il est question) d’exécutions, de prises d’otages et de la prise pour cible intentionnelle de personnes, de familles et de groupes au sein de la ville", a indiqué l’Otan, qui dénonce les "actes brutaux" d’un régime déchu vivant ses derniers jours.

"Des mercenaires errent dans les rues et les civils manquent d’accès aux informations venant de l’extérieur", ajoute l’Alliance atlantique qui cite des "dizaines de témoins directs" faisant état d’une aggravation de la situation.

Plus tôt dans la journée, près de 2.000 personnes fuyant la ville avaient été enregistrées à la mi-journée à un poste de contrôle, certaines déclarant à l’AFP que les pro-Kadhafi se servaient des civils comme de boucliers humains dans la ville, les empêchant jusqu’ici de fuir.

Dans le même temps, à Benghazi, le président du CNT, M. Abdeljalil a reconnu que des "divergences de points de vues" entre les membres du CNT et du bureau exécutif avaient retardé à la semaine prochaine l’annonce de la composition du gouvernement de transition.

"Nous sommes confrontés à la mentalité libyenne qui veut que chaque tribu, chaque région, chaque ville réclame sa part dans le nouveau gouvernement.

Or, nous n’avons toujours pas libéré tout le territoire et (le dirigeant déchu Mouammar) Kadhafi garde toute sa capacité de nuisance et peut nuire aux Libyens et à tout le monde", a-t-il dit.

L’annonce du gouvernement prévue dimanche dernier, avait été reportée sine die pour "parachever les consultations" faute d’accord sur sa composition. Ce gouvernement sera chargé de gérer la transition en attendant de nouvelles élections et la rédaction d’une nouvelle Constitution.

Reconnu par l’ONU comme représentant du peuple libyen, le CNT a annoncé le 2 septembre qu’il comptait diriger le pays jusqu’à l’élection dans huit mois d’une Assemblée constituante, avant des élections générales un an plus tard.

Sur le front de Bani Walid, où 30 combattants pro-CNT ont été tués et 50 blessés depuis le début des combats il y a deux semaines autour de ce fief de Mouammar Kadhafi à 170 km au sud-est de Tripoli, les affrontements avaient repris samedi.

Des roquettes ont été tirées depuis l’intérieur de Bani Walid vers une position des combattants pro-CNT à l’entrée de la ville, à 5 km du centre. Depuis plusieurs jours, les forces pro-CNT se contentent de tirer par intermittence des roquettes sur la ville tandis que leurs adversaires répliquent par des tirs de roquettes Grad.

Samedi matin, des appels ont été lancés notamment par le fils le plus en vue de Mouammar Kadhafi, Seïf al-Islam, via la radio de Bani Walid, à manifester dans le centre de la ville et à repousser les combattants pro-CNT, selon des propos rapportés par des membres des forces du nouveau régime libyen.

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