Libye : retour progressif à la normale à Tripoli

Les rebelles libyens, nouveaux maîtres de Tripoli, ont commencé à remettre la ville en état de marche, tout en progressant rapidement dans l’ouest du pays, mais butent sur une résistance marquée dans leur marche vers Syrte, dernier grand bastion de Mouammar Kadhafi.

Des enfants avec le drapeau de la rebellion à Al-Jamil, dans l’ouest de la Libye, le 27 août 2011. © AFP

Des enfants avec le drapeau de la rebellion à Al-Jamil, dans l’ouest de la Libye, le 27 août 2011. © AFP

Publié le 28 août 2011 Lecture : 3 minutes.

Au Caire, le N.2 du Conseil national transitoire (CNT, l’organe politique de la rébellion), Mahmoud Jibril, a présidé pour la première fois samedi la délégation libyenne à une réunion de la Ligue arabe, qui a demandé à l’ONU de débloquer "les fonds, les avoirs et les biens revenant à l’Etat libyen".

La Ligue arabe a également appelé l’ONU à permettre au CNT d’occuper le siège de la Libye dans ses diverses instances. Malgré les inquiétudes devant son caractère hétéroclite, plus d’une cinquantaine de pays ont reconnu le CNT comme autorité légitime en Libye.

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Calme à Tripoli

Huit jours après le début de l’offensive rebelle sur la capitale, Tripoli a encore connu des incidents dans la nuit de samedi à dimanche — explosions isolées et rafales d’armes automatiques dans différents quartiers de la ville — sans qu’il soit possible de faire la part entre tirs festifs et affrontements. La ville était calme dimanche matin.

Même si les rebelles redoutent encore des actions d’éléments pro-Kadhafi isolés dans la capitale, en particulier des tireurs embusqués, les opérations militaires sont terminées dans la capitale.

Les rebelles assurent que l’aéroport et la zone environnante ont été sécurisés. Et la dernière base militaire encore aux mains des forces loyalistes est tombée samedi. Une cinquantaine de squelettes carbonisés, probablement victimes d’un massacre mardi, ont été découverts lors de la prise de ce camp.

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Dans le quartier d’Abou Salim, réputé pro-Kadhafi et théâtre de violents combats jusqu’à jeudi soir, la vie a repris, les commerces rouvrant petit à petit tandis que les habitants nettoient les décombres. Samedi soir, des enfants jouaient par ailleurs sur le front de mer, jusqu’alors désert.

Mais "il y a beaucoup d’armes dans des mains pro-Kadhafi", a prévenu samedi un porte-parole rebelle, Mahmoud Chammam, reconnaissant que des poches de résistance subsistaient. "Mais il n’y a pas de chaos. Il n’y a pas de coups de feu partout. Nous contrôlons la situation", a-t-il assuré.

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Depuis Benghazi (est), le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, a lancé un appel d’urgence humanitaire pour la capitale, qui manque de produits médicaux et alimentaires de première nécessité.

Dans la capitale, la situation ne semblait pourtant pas dramatique. Même si les prix se sont envolés, les magasins sont achalandés. Et si les 2 millions d’habitants de la ville commençaient à manquer d’eau, les rebelles ont affirmé travailler à restaurer ce type de services essentiels.

Pousuite des combats

Dans le reste du pays, les combats se poursuivaient, a la fois pour assurer le contrôle de la route côtière entre la capitale et la Tunisie et pour parvenir à Syrte, fief de la région natale de Mouammar Kadhafi, à 360 km à l’est de la capitale.

Sur ce dernier front, les rebelles piétinent, bloqués depuis mardi par des soldats loyalistes installés à Ben Jawad, à 140 km à l’est de Syrte.

Dans l’Ouest en revanche, les rebelles ont pris vendredi soir le poste-frontière de Ras Jdir, puis se sont emparés de deux localités voisines, à chaque fois sans réels combats.

Les combattants rencontrés par les journalistes de l’AFP sur le front Est semblaient épuisés, déterminés à aller jusqu’à Syrte mais pas forcément pressés.

Dans l’Ouest, ils étaient en revanche fiers et survoltés.

C’était le cas de deux amis tripolitains, Marwan Meyouf, 30 ans, parti dès février se battre avec les rebelles, et Elias Azzabi, 28 ans, qui s’est entraîné en cachette chez lui à Tripoli pendant des mois.

Après être passés sans interruption des combats urbains de la capitale aux plaines de l’Ouest, ils s’apprêtaient à repartir vers le désert du sud, "pour attaquer Ghadamès, par où les pro-Kadhafi s’enfuient en Algérie".

Et d’autres rebelles visaient Bani Walid, à une centaine de kilomètres au sud-est de Tripoli, localité réputé très fidèle à Kadhafi, et en direction de laquelle un convoi de 60 à 80 véhicules des forces loyalistes s’est dirigé samedi.

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